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Quand la police se jette à l'eau
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 01 avril 2013Dans la nuit de samedi à dimanche, le sous-brigadier de police Thierry Dubois, 46 ans, a fait preuve d’un grand courage, en sauvant de la noyade un individu armé qu’il était venu interpeller. Témoignage…
La longue carrière de Thierry Dubois a déjà éprouvé le feu d’interventions délicates. Mais cette nuit du 30 au 31 mars 2013 restera sans doute longtemps gravée dans sa mémoire comme le théâtre d’un acte d’exception.
Il est 23h50, ce samedi, lorsqu’un appel au « 17 » alerte la station directrice de la présence d’un individu suspect entre la rue des Quatre-Roues et le quartier Montbernage. Selon l’auteure du coup de fil, l’homme aurait tenté de forcer sa voiture. En patrouille vers le pont de Rochereuil voisin, le sous-brigadier Thierry Dubois et son collègue, le brigadier Cédric Lusson, sont rapidement sur les lieux. « Lorsqu’il nous a vus, l’individu s’est mis à courir en direction des Feuillants, explique Thierry Dubois. Je me suis lancé à ses trousses. Après quelques mètres, il s’est retrouvé coincé entre le brigadier et moi et nous a menacés de son couteau, en se montrant très agressif et en vociférant des mots incompréhensibles. »
Tandis que le binôme tente de le raisonner, l’homme reprend ses jambes à son cou et n’hésite pas à se jeter dans les eaux du Clain. « Tout ceci s’est passé en quelques secondes, poursuit Thierry. Nous avons d’abord appelé les pompiers, qui sont plus habitués que nous à des interventions de ce genre. Hélas, très vite, j’ai vu que le gars perdait pied et était proche de la noyade. Il fallait faire quelque chose. Je me suis alors résolu à entrer dans l’eau. »
L’agresseur victime
A peine immergé, le sous-brigadier distingue, dans le noir, l’éclat d’une lame : malgré sa situation précaire, le suspect a conservé son couteau à la main. « Je ne pouvais plus prendre le risque de le saisir à bras-le-corps. Je suis alors revenu sur la berge et ai demandé à mon collègue de me trouver un bout de bois. »
Cédric Lusson s’exécute et finit, dans la nuit noire, par faire tomber une branche d’arbre. Il fait 3°C dehors, l’eau est glacée. Thierry Dubois est transi. « Mon corps a toutefois fini par s’habituer, reconnaît-il. Je suis alors reparti à la nage en direction de l’individu. Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais alors qu’il coulait, il a réussi à saisir la branche et j’ai pu le ramener. »
Extrait des flots par le brigadier et un autre collègue arrivé sur les lieux, le « miraculé » est aussitôt évacué par les pompiers pour des examens, puis placé, à son retour au commissariat, en garde à vue. Il sera présenté, ce mardi à 14h, en comparution immédiate au palais de justice. « J’irai », prévient Thierry Dubois, définitivement remis de ses émotions.
Depuis quarante-huit heures, le policier sauveteur est le héros du commissariat. Lui, la joue modeste. « Du rôle d’agresseur, « l’homme du Clain » est devenu victime, assume-t-il. Cette nuit restera inoubliable pour mon collègue et moi, mais elle aurait été encore plus traumatisante s’il le bonhomme était mort. Je n’ai finalement fait que mon devoir. » Chapeau quand même !
Les sauvetages dans les eaux du Clain sont rares, les interventions musclées n’en restent pas moins très fréquentes pour les hommes de la sécurité publique. Sur la seule année 2012, le « 17 » a ainsi reçu la bagatelle de 57 383 appels, suivis de 10 700 interventions, 24h/24, de jour comme de nuit. Et ce dans des conditions (agression, ébriété, violences conjugales...) très souvent périlleuses.
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