Leur été est show

Tous les deux sont Poitevins, jeunes et cultivent la même passion pour le ballon rond. Hillel Konaté revient de la Coupe du monde des moins de 17 ans au Mexique, où il a gardé les buts de la Côte d’Ivoire. Aleks Berisa, lui, participera fin août à celle des sans-abri à Paris. Ils sont nos stars de l’été.

Nicolas Boursier

Le7.info

Leurs routes ne se sont jamais croisées. Et pour cause. Quand le premier, Rom musulman chassé de son Kosovo natal, trouvait refuge à Poitiers, le second quittait les rives du Clain pour le centre de formation de Châteauroux. Aujourd’hui encore, ils n’évoluent pas dans le même monde. Quand l’un se bat pour la reconnaissance des droits d’asile de sa famille, l’autre tutoie les étoiles du professionnalisme à Sochaux. Leurs origines comme leur histoire ne prédestinaient pas Aleks Berisa et Hillel Konaté à sourire au même astre. Ils marchent pourtant sur la même planète. Celle du football.

Il y a deux mois, Hillel, 16 ans, jouissait de la double nationalité française et ivoirienne. Jusqu’à l’instant du choix. Peut être le plus important de sa vie. « Le maillot bleu me semblait inaccessible, rappelle-t-il. J’ai alors accepté d’opter pour la Côte d’Ivoire afin de participer à la Coupe du monde des moins de 17 ans au Mexique. » En quelques jours, le petit gars de Poitiers, éveillé aux joies du ballon rond sur les pelouses du Stade poitevin, devenait Konaté- le-grand, gardien des « Eléphanteaux » de Côte d’Ivoire. Sa récompense suprême ? Une place de titulaire pour les trois matches de poule du Mondial et le 8e de finale, perdu contre… la France. « Je l’ai encore en travers de la gorge, cette défaite, maugrée Hillel. On menait 2-0 et on perd 3-2. Pour la première participation du pays à une telle compétition, atteindre les quarts aurait été énorme. On pouvait le faire. C’est dur à accepter. »

De ce périple au pays des Aztèques, Hillel se souviendra encore de ce probant succès contre le Danemark (4-2) et de ce somptueux match nul décroché au nez des maîtres brésiliens (3-3). Il s’en servira surtout pour étayer sa progression. « Je passe en 19 ans, mais on m’a assuré que je défendrais les buts de l’équipe réserve senior du FC Sochaux, en CFA.» L’élite pro, que l’ancien élève du collège Jean-Moulin lorgne depuis toujours, n’est plus très loin. « J’ai les cartes en mains », prévient-il.

France, ma patrie

Aleks, lui, ne les a pas encore, ces cartes. Ni même les papiers que ses parents et ses petites soeurs couvent de leurs espérances depuis leur arrivée sur le sol français, il y a plus de deux ans. Mais le « gamin » avance. « Je suis fier de lui, de sa détermination, de son courage », loue Alain Pardies, responsable bénévole de l’équipe de foot du Secours catholique.
 
Aleks veut devenir Français. Il fait tout pour. Son dernierfait d’armes ? L’obtention du brevet des collèges. C’était il y a quelques jours. Le prochain? Une inscription en 2nde au Lycée pilote international innovant de Jaunay-Clan. Et entre les deux, cette participation à la Coupe du monde « Urban foot » des  sans-abri, du  20 au 28 août, sur le Champ-de-Mars à Paris. Au milieu de soixante-trois autres sélections nationales. « Je suis super heureux de faire partie des huit joueurs  retenus pour défendre le maillot français », lâche timidement Aleks. Alain reprend le flambeau. « Ce qu’il a, il le mérite. Aleksest un guerrier. Sur le terrain comme dans la vie. J’espère que son incroyable assiduité scolaire, sa soif d’apprendre et ses performances sportives convaincront les autorités de son évident désir d’intégration. Les Roms n’ont plus de chez eux. Aleks et sa famille sont ici chez eux. »

Deux destins, deux profils. Qui sait si les vies d’Hillel et d’Aleks ne se croiseront pas un jour. Sur un terrain. Quelque part. Ici. Ou ailleurs.

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