mardi 24 décembre
La franc-maçonnerie était jadis un lieu de pouvoir porteur de lourds secrets. Si la discrétion demeure, elle aurait désormais évolué vers un réseau social où règne avant tout la convivialité. Rencontre avec un membre poitevin.
Des experts de la question assurent que Napoléon s’est servi de la franc-maçonnerie comme d’un instrument pour unir les dirigeants des pays conquis et contrôler les chefs de son armée. D’autres mauvaises langues affirment également que sous la Troisième République, il n’y avait pas grande différence entre le programme politique du Parti radical socialiste et les comptes-rendus de réunions du Grand Orient de France. Mythe ou réalité ? Les relations entre la franc-maçonnerie et le pouvoir ont toujours fait fantasmer.
Pouvoir, argent, culte du secret et rituels d’intégration… La recette du succès est connue depuis 1650. À l’heure où chaque loge possède son propre site vitrine sur Internet, et où des candidatures spontanées arrivent directement sur les boîtes email des grands maîtres, la franc-maçonnerie demeure un réseau fermé. Toutes obédiences confondues (la quasi-totalité des neuf « ateliers » est représentée), le nombre de membres dans la Vienne ne dépasserait pas les trois cents, comme au XVIIIe siècle, quand la population était sensiblement moins importante. Parmi eux, Jean-Marc raconte qu’il est entré à la Grande loge mixte de France après une véritable sélection : « La franc-maçonnerie est une fraternité élective. Après un banal entretien à la terrasse d’un café, un conseil de sélection évalue l’état d’esprit du candidat. » Cet enseignant d’une cinquantaine d’années s’est intéressé à l’herméneutique maçonnique à 23 ans, après une « rencontre » qui a changé sa vie.
Une renaissance
Quelques années plus tard, il s’est soumis au « régime écossais rectifié », un rite ancestral, véritable point de soudure entre les francs-maçons. Cette cérémonie a beau être expliquée sur le web et dans plusieurs livres, difficile de dire en quoi elle provoque « ce sentiment d’appartenance à une entité commune », évoqué par Jean-Marc : « Il s’agit de laisser son ancienne vie derrière soi pour renaître dans une nouvelle condition. Un lien de confiance s’établit entre ceux qui ont traversé ce rituel de passage. Ils peuvent alors parler librement. »
Débattre, refaire le monde, et surtout analyser la tradition maçonnique… A en croire Jean-Marc, voilà ce qui anime, « dans la convivialité », les réunions mensuelles de la loge poitevine. « L’entraide existe, comme dans d’autres associations. Je suis persuadé que le réseau des anciens élèves de Polytech est même plus efficace pour obtenir un emploi ou un marché », note ce fin connaisseur. Il ne développe pas plus, tout comme il refuse de divulguer les noms de ses camarades. « C’est interdit par principe », souligne celui dont le prénom a également été changé à sa demande. Et la religion dans tout ça ? Des ateliers obligent une adhésion aux valeurs de la chrétienté. D’autres, comme le Grand Orient, prônent la laïcité. « La franc-maçonnerie s’apparente, à certains égards, à l’auberge espagnole, on y trouve ce qu’on y recherche. C’est plutôt une école de sagesse. Que l’on consacre une divinité ou non, les loges véhiculent surtout des valeurs vertueuses », conclut Jean-Marc.
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Le chiffre
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Les francs-maçons se dévoilent
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