Hier
La Gâtinière vivra, le 26 juin, la deuxième réunion de sa saison de courses hippiques. Les fidèles connaissent la plupart des chevaux, des drivers et des entraîneurs. Les novices, eux, les découvrent sur place. Et parient souvent au petit bonheur la chance...
Il a presque fallu la tirer par le colbac pour la sortir de la grasse matinée qu’elle s’était promise. Et la convaincre de suivre le reste de la famille à La Roche-Posay. « Où ça ? ». A La Roche-Posay, aux courses. Là où on voit des canassons galoper et le public s’agglutiner aux caisses.
Au final, Marie, 15 ans, n’a pas eu le choix. La voilà donc au pied du mur. Sous le soleil de La Gâtinière, elle va devoir ronger son frein. A moins… « A moins que tu souhaites participer. Tu vas voir, c’est facile et sympa. »
Jean-Pierre Quillet, patron de la Société des courses, a l’art de la séduction. Et de l’explication accessible. « Il y a trois manières de parier, éclaire-t-il. Le cheval seul, que l’on peut jouer gagnant ou placé parmi les trois premiers de la course. Le duo, placé ou gagnant. Et enfin, il y a le trio. Là, tu joues trois chevaux que tu penses voir arriver aux trois premières places. Si c’est dans le désordre, tu touches un super pactole. SI tu as parié dans l’ordre, c’est le jack-pot. » Jusqu’à 600€ pour une mise de base de 2€. Pas mal !
Devant les caisses, Jacqueline et Arlette, elles, se sont mises à table. Et papotent avec les visiteurs. Leur petit plaisir : endosser l’habit d’informatrice-conseil. « Nous guidons les gens, en leur expliquant la démarche du pari», sourient ces deux charmantes bénévoles.
Il arrive que quelques petits malins les sollicitent pour des tuyaux. Mais les petites dames restent bouche cousue. « C’est pas notre truc, ironise Arlette. Moi, je préfère dire à un débutant de miser sur un numéro fétiche. Tout à l’heure, je l’ai fait avec une dame dont le fils est handicapé. Ils ont joué ce cheval et ils ont gagné. J’ai vu le bonheur dans leurs yeux. J’étais aussi heureuse qu’eux. »
108 € en deux heures
Finalement, Marie s’est résolue à faire ses fonds de poche. Elle a entendu dire que dans le « première », le 3 et les 10 étaient favoris. « Je vais les jouer », rigole-t-elle. Perdu ! La deuxième course arrive vite. « Je vais reprendre le 3 et le 10. Au hasard ! » Re-perdu ! L’ado ne se démoralise pas. Sous les hourras de la foule, le 3 et le 10 se placent 2e et 3e de la « troisième ». « J’ai gagné ! J’ai gagné ! »
La petite famille autour d’elle est incrédule. « Bah, tu vas toucher 5 ou 10€ », balance la frangine, toujours débordante d’optimisme. L’attente est longue. A la caisse, l’employée du Pari Mutuel Hippodrome (ils sont douze à sévir aujourd’hui à La Gâtinière) fait durer le suspense. Le résultat s’affiche enfin. 70,40€. Incroyable ! Marie n’en revient pas. Elle en remet quand même une couche dans la « quatrième ». Avec, encore et toujours, le 3 et le 10 comme porte-bonheur. De nouveau deuxième et troisième. 34€. « J’ai pas perdu mon temps », jubile la gamine.
A ses côtés, les accros du pari sourient. « C’est super pour une première. Il faudra revenir », lâche ce monsieur, tout sourire. Un peu plus loin, Edith est venue, elle aussi, de Poitiers passer la journée. Jusqu’à cette heure, elle n’a pas beaucoup de bol. « Moi, ça fait vingt ans que je suis fidèle à cet hippodrome et trente que je joue aux courses. Je ne veux pas manquer une réunion. Tout l’été, je m’y colle. » Plus qu’une addiction, une vraie et belle passion. « Avec 2€ de mise, je ne me ruine pas, concède Edith. Cela dit, je ne gagne pas non plus des masses. »
Son plus beau fait d’arme ? « 750€ au PMU. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est tellement excitant. » Excitant comme un dimanche aux courses. N’est-ce pas, Marie ?
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