Poitiers d’encre et d’eau

Avec Poitiers Aquarelles, retour à la ligne, notre confrère Emmanuel Touron couche sur le papier trois ans de contemplation active et de représentations intimistes des quartiers emblématiques de sa ville natale. L’artiste et son œuvre sont à découvrir, les 21 et 22 septembre, à la Maison de l’Architecture.

Nicolas Boursier

Le7.info

Posé sur une ligne d’horizon ardoisière, sondant l’intimité d’une arrière-cour assoupie, s’exposant à la chaleur d’une rue baignée de lumière, le regard butine à l’envi les fleurs colorées d’un patrimoine parfois insoupçonné. A tout le moins trop rarement dévoilé. Ce regard-là, inquisiteur et acéré, serviteur pénitent du photographe qu’il n’a jamais cessé d’être, Manu Touron l’a posé, pendant trois ans, sur les quartiers de son enfance poitevine et de bien d’autres. De ceux qui avaient jusqu’alors échappé à sa quête d’insolite, de non-dit à susurrer, de trésors à mettre au jour.

Poitiers par le détail, par la suggestion, par l’inspiration de l’instant, Poitiers croquée, Poitiers libérée. Ainsi se raconte l’œuvre empirique du plus Poitevin des journalistes niortais, incontournable tenancier de la chronique judiciaire à Centre Presse pendant vingt ans et, depuis 2014, touche-à-tout de l’info à La Nouvelle République des Deux-Sèvres.

Une histoire à écrire

Ses flâneries initiatiques entre Boivre et Clain, comme celles autrefois menées dans la capitale des mutuelles (en 2021, il a déjà commis Niort Aquarelles, Lignes claires) ont donné vie à près de deux cents planches d’un patient labeur, sur lesquelles encre de Chine et peinture à l’eau -un peu d’acrylique aussi !- créent une alchimie renversante d’authenticité et de précision. 
« Contrairement à mon premier ouvrage, explique l’autodidacte de l’aquarelle, artisan-qui-ne-se-sait-pas-artiste, j’ai incorporé dans celui-ci de petits personnages, qui suggèrent un parcours, des pas à suivre, une aventure à lancer, une histoire à écrire. J’ai toujours été un amoureux inconditionnel de la BD. Cette découverte de Poitiers, je l’ai voulue un peu comme une bande de vie dessinée. »

Les 21 et 22 septembre, l’artiste établira ses quartiers à la Maison de l’Architecture, en une rue de la Tranchée elle-même sortie des limbes de l’anonymat par Poitiers Aquarelles. Entre dédicaces et expo de créations plurielles, il se prêtera, avec l’aménité qui l’honore, au jeu du partage et de la confession. Sa plus belle récompense ? Que des connaisseurs et enfants de la ville aux cent clochers soient « interpellés » par son œuvre. 
« Qu’ils reconnaissent le lieu en le redécouvrant. » Avec ce regard presque innocent qui 
« aime trouver du beau partout où il n’y en a pas ». Poitiers, d’encre, d’eau et de talent. Point à la ligne…

Poitiers Aquarelles, retour à la ligne - Emmanuel Denis-Touron - La Geste Editions - Dédicace, vente et exposition, les 21 et 22 septembre, à la Maison de l’Architecture, 1, rue de la Tranchée. Tél. 05 49 42 89 79.

À lire aussi ...