100 millions ! sans prétention

Dans 100 millions !, Nath Dumont s’appuie sur le personnage d’un ouvrier syndicaliste devenu millionnaire pour interroger le poids des convictions face à l’argent. Sans rien révolutionner.

Claire Brugier

Le7.info

Le fantasme d’une manne providentielle capable de changer la vie de simples gens n’en finit décidément pas d’inspirer le grand écran. Entre Ah ! Si j’étais riche de Michel Munz en 2002 et Heureux Gagnants de Maxime Govare et Romain Choay l’an dernier, la production cinématographique française ne manque pas d’exemples. On pourrait même cité, également sorti en 2024, A l’Ancienne d’Hervé Mimran (Le 7 n°) qui abordait lourdement la question sous l’angle de la convoitise. Dans 100 millions !, Nath Dumont fait le choix de mettre le pactole entre les mains d’un syndicaliste pur jus, anti-patron de père en fils. 

Patrick (Kad Merad), ouvrier dans une imprimerie, hérite donc de 100 millions d’euros, enfin moitié moins une fois les frais de succession réglés. N’empêche, la somme reste plus que rondelette. Elle fait briller les yeux de son épouse Suzanne (Michèle Laroque), sourire d’aise ses deux enfants pourtant pétris d’engagements et rêver ses compagnons de lutte. Patrick, lui, ne pense qu’à la grève en cours. « C’est pas parce qu’on est riche que ça va changer notre vie ! », lâche-t-il naïvement. Parce qu’il les aime sincèrement la déco de leur pavillon, le couscous boulettes –toujours le même- au resto du coin, la franche camaraderie de l’usine. Si bien que, privé de tout ça, il se met à… manger des Curly en regardant du curling à la télé (si, si si !). 

Déjà vu dans Brillantissime ou Monsieur Papa, le couple Kad Merad-Michèle Laroque fonctionne parfaitement mais il se retrouve engoncé dans une réalisation très classique. Le scénario, malgré L’Internationale d’ouverture et le Bella Ciao de fin, manque de rythme et les seconds rôles sont souvent mal aboutis ou crayonnés sans finesse. Rien de révolutionnaire donc dans ce film où Nath Dumont tente de réconcilier argent et convictions, à travers un personnage de justicier millionnaire capable de soudoyer le patronat pour raviver la flamme de la lutte syndicale. Etonnante allégorie de l’adage selon lequel tout s’achète...

Comédie, de Nath Dumont, avec Kad Merad, Michèle Laroque, Guy Lecluyse (1h37).

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