Le Château de Monts-
sur-Guesnes loin du compte

Une nouvelle saison va débuter samedi au Château de Monts-sur-Guesnes. Trois ans après son ouverture et malgré les subsides conséquents versés par le Département, le site est encore loin des 40 000 visiteurs annuels annoncés.

Il était une fois… le Château de Monts-sur-Guesnes, dont l’histoire n’a malheureusement rien d'un conte de fées. Inauguré en grande pompe en mai 2022, en présence de sa « bonne fée », son principal instigateur Bruno Belin(*), l'équipement touristique du Nord-Vienne peine à atteindre les objectifs annoncés par Sites et Compagnie, la société périgourdine en charge de son exploitation. « C’est compliqué », convient Céline Roncière, la directrice et seule salariée à temps complet de ce château pas comme les autres.

D’abord appelé « Historial du Poitou », le site a finalement été renommé, au risque de créer de la confusion à quelques encablures des premiers châteaux de la Loire. « Ce n’est pas un château où l’on va retrouver du « roi », 
c’est une expérience immersive, défend Sandrine Barraud, conseillère départementale en charge du Tourisme et de l’Attractivité. La fréquentation n’est pas à la hauteur de ce qui avait été annoncé mais les retours sont positifs. » 14 000 visiteurs ont franchi ses portes en 2024. « Cela reste appréciable pour Monts-sur-Guesnes, tempère Céline Roncière qui espère approcher en 2025 les 17 000 visiteurs de la première année. Enrichir le calendrier d’animations (lire encadré) doit permettre de toucher d’autres visiteurs et de faire revenir ceux qui sont déjà venus. »


« Un gouffre financier »

Si l’effet nouveauté a bien fonctionné en 2022, depuis la fréquentation s'érode : -10% en 2023, -4% en 2024 sur la même période. Et ce malgré le millier d’entrées achetées par le Département pour les collégiens. « Un directeur d’office de tourisme m’a dit un jour que c’était une hérésie touristique, car trop excentré par rapport aux gares, avec des transports en commun pas assez nombreux, une capacité d’hébergement insuffisante… », glisse Grégory Vouhé, conseiller départemental d'opposition La Vienne en transition. Trois ans après l’ouverture, les visiteurs du Futuroscope ou, plus près, du Center Parcs de Morton, restent difficiles à capter. « C’est à Sites et Compagnie de faire évoluer la fréquentation, note Sandrine Barraud. La seule chose que l’on peut faire, c’est de la promotion touristique institutionnelle. »


Implanté dans une bâtisse sans histoire particulière, le Château a coûté 7,2M€, dont 2,7 abondés par le Département, qui lui a versé une subvention d’équipement d’1,116M€ en 2022 et, en 2023, un apport en compte courant de 198 000€ via la SEML patrimoniale. La collectivité lui octroie aussi une subvention d’investissement de 162 750€ (1 732 500€ sur onze ans) chaque année. « Le Château est sous perfusion d’argent public, déplore Grégory Vouhé. Le résultat d’exploitation affiche un déficit cumulé de plus de 150 000€ depuis l’ouverture. » 
L’élu d’opposition dénonce 
« une fuite en avant et un gouffre financier » qui détonne dans le contexte de rigueur actuel. « D’un côté, le Département rabote le budget culture de 162 000€ en 2024, de l’autre il verse une subvention équivalente au Château. » Et il s’apprête à voter le 10 avril une nouvelle baisse des subventions culturelles à hauteur de 20%... 


(*)Maire de 2001 à 2015, président du Conseil départemental de 2015 à 2020 et sénateur depuis 2020.