Tourisme : les influenceurs à leur place

Les influenceurs inondent les réseaux sociaux de publications sur des lieux touristiques, destinations de vacances ou encore hébergements insolites. Avec des résultats parfois aléatoires. L’office de tourisme de Grand Poitiers leur préfère... la presse.

Arnault Varanne

Le7.info

Derrière les incontournables Bruno Maltor, BenCo ou La Poze, des milliers de blogueurs et influenceurs mettent leur notoriété au service de villes, villages et sites touristiques en quête de notoriété auprès du grand public. Le Poitevin NicoLaRochelle s’est jeté dans le grand bain de la promo en janvier 2022, flanqué d’une licence d’histoire et d’un master en ingénierie culturelle. « Je ne voulais pas enseigner, abonde Nicolas Barrault-Baudy de son vrai nom, et comme j’ai remarqué qu’il y avait peu d’influenceurs associant patrimoine, culture et tourisme, j’ai professionnalisé ma démarche. »

« Si les gens ne sont pas convaincus... »

Aujourd’hui, le Maritime (15 000 followers sur Instagram, autant sur son blog) intervient « à la demande pour des destinations, des marques, des artisans, commerçants », tout en étant ambassadeur de la Région Nouvelle-Aquitaine. Qu’il promeuve La Roche-Posay (notre photo) ou la Maison de cognac Ferrand plus récemment, l’influenceur ne fait jamais de promesses inconsidérées à ses clients. « Tout simplement parce que ce n’est pas une science exacte et qu’on peut avoir le plus beau contenu du monde, si les gens ne sont pas convaincus... Et puis il y a les algorithmes ! » NicoLaRochelle le dit sans sourciller, il « refuse plus de collaborations qu’il n’en accepte. Pour la maison de cognac, par exemple, l’article de blog, les stories et la publication sur Instagram ont généré entre 400 et 600 réactions. Une vingtaine de personnes sont venues derrière ».

La clientèle espagnole

A l’office de tourisme de Grand Poitiers, on fait appel aux influenceurs voyage « avec parcimonie ». D’abord parce que cela a un coût, ensuite parce qu’« il y a un peu de tout dans le lot. Les gens peuvent suivre une personne mais pas forcément la destination, observe Bénédicte Breuls. De mon point de vue, la presse est plus prescriptrice. Le papier du Monde sur 48h à Poitiers a par exemple drainé des curieux à la Fabrique de parapluies François. » Ce qui n’empêche pas l’office de tourisme de faire sa com’ via les réseaux, avec la SNCF et Atout France sur TikTok, sur Facebook et Instagram pour d’autres campagnes. « En fonction de nos cibles et de nos marchés prioritaires, la France, l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne », ajoute Bénédicte Breuls. L’Espagne, justement, a dépêché l’une de ses familles « influentes » dans la Vienne au printemps 2024. Et ce n’est pas un hasard puisque le marché ibérique intéresse le Futuroscope (cf. repères) et l’aéroport de Poitiers-Biard, qui propose une liaison vers Barcelone. A défaut de visiteurs immédiats, le parc cultive sa notoriété hors des frontières de l’Hexagone. 

 

Au Futuroscope, « les influenceurs viennent par envie »
Le Futuroscope inaugurera l’Aquascope le 28 septembre. Et dans cette perspective, l’équipe social media du parc (4 personnes) planche activement sur la venue de quelques influenceurs en lien avec le monde aquatique, du surf... Autant de créateurs de contenus à même de « développer la notoriété et la visibilité » de l’attraction sur les réseaux sociaux, explique Yves Petit, responsable du service. Dans ses recherches, Emmanuelle Ouairy ne regarde pas que le nombre d’abonnés. « Il y a un travail d’analyse du profil en amont. Le taux d’engagement est par exemple très important, comme le nombre de vues sur les reels, les posts... », développe la social media manager du parc. Le Futuroscope s’est fixé un principe : « On ne paie pas les influenceurs, ils viennent par envie. En revanche, nous les invitons, les hébergeons parfois aussi. » Ces échanges commerciaux sont contractualisés par écrit. Cela dit, chaque visiteur est un influenceur en puissance via ses publications, avec entre autres une montée en puissance de TikTok. « C’est désormais notre deuxième réseau en nombre d’abonnés devant Instagram (170 000 contre 146 000, ndlr) », ajoute Emmanuelle Ouairy. Attractif le Futuroscope ? Certainement ! McFly, Carlito ou encore Michou ont apprécié leur séjour. « On reçoit entre trois à quatre demandes par jour. Dans 90% des cas, on ne démarche pas. » S’agissant du marché espagnol -8% de visiteurs-, le parc de loisirs joue aussi de son influence, même si « le marché ne fonctionne pas de la même manière ». La Compagnie des Alpes est ainsi d’un précieux secours pour adopter le bon ton en terres ibériques et susciter des envies de visite. 
DR Jeromine_Photographe

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