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Médiatrice santé-pair au centre hospitalier Henri-Laborit depuis 2019, Julie Jadeau est elle-même atteinte de troubles psychiques. La créatrice de l’association Humeurs en vrac combat par l’exemple les représentations véhiculées autour de la santé mentale.
De sa première dépression « vers 10-11 ans après un trauma » à sa dernière hospitalisation, en 2023, elle « vit avec » sa maladie depuis plus de trente ans. Julie Jadeau, 41 ans, habite Saint-Julien-l’Ars et travaille au centre hospitalier Henri-Laborit comme médiatrice santé-pair (MSP) depuis 2019. Soignante et soignée en quelque sorte. Des deux côtés du miroir. « Je me suis formée à l’université Paris XIII qui a créé une licence de MSP coordonnée par le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé », témoigne-t-elle. Le début d’une forme de continuité pour elle. Car jusque-là, Julie n’avait jamais réussi à se « poser », dans les études comme dans le monde professionnel où elle a enchaîné les petits boulots. Au point de bénéficier de l’Allocation adulte handicapé à partir de 2012. « C’est difficile d’accepter ce statut, surtout quand on a un handicap invisible... »
« Un mal-être en sous-sol »
Plutôt que de se morfondre, la mère de famille s’est au contraire investie, comme bénévole au sein de l’association Argos 2001, en siégeant dans les instances de l’hôpital ou encore en animant des ateliers d’éducation thérapeutique du patient sur les troubles bipolaires. L’un des versants de la pathologie dont elle souffre. « Les troubles de l’humeur avec phases mixtes sont peu connus du grand public, avance-t-elle. Dans une même journée, on peut passer des idées noires, de la mélancolie à une euphorie pas forcément justifiée. Je peux aussi être très agitée, être productive, tout en ayant un profond mal-être en sous-sol. »
« Dans la juste proximité »
Son dernier traitement n’est « pas encore stabilisé », mais Julie Jadeau avance, envers et contre tout. Elle est bien intégrée au sein de l’équipe de soignants du Centre de réhabilitation et d’activités thérapeutiques intersectoriel de la Vienne (Créativ), aux côtés de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants, de psychologue, neuropsychologue, d’un ergothérapeute, d’un enseignant en physique adaptée. Chacun à sa place. La sienne ? « Le soignant crée un lien avec une certaine distance, nécessaire dans le cadre thérapeutique classique, contrairement au médiateur santé-pair qui est dans la juste proximité. C’est une nuance de taille. Ensuite, la personne en face de moi sait que je suis plus en mesure de comprendre ce qu’elle vit au quotidien. Ma première connaissance de la maladie vient de l’intérieur, de ce que j’endure, de ce que je traverse et qui me traverse. »
Cette « juste proximité » amène parfois les patients à « livrer des choses différentes ». Julie Jadeau, elle, s’efforce de prendre du recul par rapport à son quotidien. A côté, la fondatrice de l’association Humeurs en vrac et formatrice se démultiplie pour déstigmatiser les troubles psy dans la société. « On peut avoir une vie épanouissante, malgré la maladie... » Mais l’équilibre reste précaire. La médiatrice santé-pair reconnaît « ne pas être rétablie mais en rétablissement. Je suis régulièrement obligée de faire un pas de côté pour réajuster mon fonctionnement, mon comportement ».
(*)Le CH Laborit compte 5 médiatrices santé-pair dans ses équipes.
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