Parents âgés, conjoint malade, enfant porteur d’un handicap : des millions de Français s’occupent d’un proche tout en travaillant. Trop souvent, ces aidants vivent un parcours du combattant entre charge mentale, gestion des émotions, épuisement, impact sur leur santé physique et mentale, mais aussi répercussions sur leur travail et leur carrière.
Il n’est pas toujours simple de s’identifier comme aidant et de le dire à son entourage professionnel. Quatre aidants sur dix tairaient ainsi leur situation à leur employeur par pudeur, peur des incompréhensions, du jugement sur leur performance, voire d’une mise au placard. Ce tabou touche aussi de nombreux chefs d’entreprise et travailleurs indépendants qui préfèrent cacher une situation synonyme de vulnérabilité.
Au-delà de la nécessité économique, le travail permet aux aidants de cultiver le lien social, d’exister pour eux-mêmes et d’exprimer leurs talents dans un espace différent. Sans s’en rendre compte, ils mobilisent d’ailleurs des compétences développées en tant qu’aidant, comme l’adaptabilité, l’anticipation, l’écoute active, le montage de dossiers administratifs ou la coordination d’une équipe. Ils sont souvent particulièrement engagés, donnant tout ce qu'ils peuvent pour « compenser » et ne pas se sentir « favorisés ».
En somme, les aidants sont indispensables à leurs proches comme au monde du travail. Ce sujet va prendre de l’importance dans les années à venir, car on estime que d’ici à 2030, un salarié sur quatre sera un proche aidant. Un véritable sujet de société avec pour enjeux majeurs : faire en sorte que les aidants puissent être assez confiants pour parler de leur situation au travail, qu’ils puissent être entendus, recevoir du soutien, trouver de l’information, des ressources et bénéficier d’aménagements adaptés.
Sophie Micheau - smicheau@humanne.fr - humanne.fr.
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