Les Scic, un modèle à consolider

Avec treize Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) sur son territoire, la Vienne fait figure de locomotive dans le monde de l’économie sociale et solidaire. La plus ancienne s’appelle PCER et a vu le jour en 2008.

Arnault Varanne

Le7.info

« On nous a souvent dit que nous étions un Ovni ! » Aurélien Béguier en plaisante aujourd’hui mais reconnaît que « ce qui aurait pu ne pas marcher hier » est aujourd’hui « un modèle pertinent ». Poitou-Charentes énergies renouvelables (PCER) a été créée en 2008, à Poitiers, à une époque où les élus parlaient abondamment de « croissance verte ». Ainsi les collectivités locales, EDF, la Caisse des dépôts et consignations et plusieurs banques ont-elles uni leurs forces pour faire naître cette Société coopérative d’intérêt collectif pionnière, capable de réaliser les études en amont, d’investir dans les projets et ensuite de les piloter. Depuis quinze ans, PCER a contribué à l’émergence de 27 centrales solaires qu’elle gère toutes. Avec 1M€ de chiffre d’affaires, la PME de trois salariés cultive sa différence par rapport à ses concurrents de l’économie conventionnelle. 
« Les bénéfices dégagés, conformément à l’esprit des Scop, sont mis en réserve et réinvestis dans de nouveaux projets. Nous ne sommes pas adossés à un fonds de pension. La clé de notre longévitié est de réinterroger le projet de la structure avec l'ensemble des associés », précise Adrien Béguier.

Avec son statut de Scic, PCER 
« rassure les interlocuteurs », essentiellement des collectivités locales dans les quatre départements de l’ex-Poitou-Charentes. Les ombrières photovoltaïques du parc des expos de Poitiers, une tribune du stade de foot de Valence-en-Poitou, le boulodrome couvert de Montamisé... Les projets se multiplient sur ce marché paradoxalement 
« naissant », selon le responsable du développement de la SA -société anonyme-, donc dotée d’un conseil d’administration présidée par l’ancien délégué régional d’EDF Joël Mazet.

Nouveau déféré

La Scic, un modèle d’avenir ? A priori oui ! Depuis 2015, il s’en crée 130 par an, elles étaient 
1 359 dans l’Hexagone en 2022. Un engouement directement lié à la loi du 31 juillet 2014, qui a permis aux collectivités de participer à hauteur de 50% maximum du capital contre 20% auparavant. Localement, 13 Scic 
existent dans les domaines culturel (la Scène Maria Casarès, La Locomotive, Libres lecteurs, Libres lectrices), alimentaire (Mangeons Bio Ensemble, La Ceinture verte, Atelier des vallées, Le Pois Tout Vert) et de la transition écologique et énergétique (Awa Solutions, Ateliers du Bocage, Ielo, Poitou Energie citoyenne, PCER, Les Oiseaux de passage). 


« Les Scic permettent de faire territoire ensemble », estime Léonore Moncond’huy. La Ville a accueilli il y a quinze jours une journée dédiée à l’économie sociale et solidaire (ESS), avec la présence de Benoît Hamon, président d’ESS France. La maire de Poitiers a révélé à l’occasion que la préfecture de la Vienne avait une nouvelle fois dénié à la collectivité la possibilité d’investir dans L’Atelier des vallées, dont l’objectif consiste à réaliser des prestations d’abattage, de découpe et de transformation de viande. L’affaire se réglera au tribunal administratif, comme pour l’autre Scic en gestation, Ceinture Verte (Le 7 n°637). Le préfet a déjà été désavoué une première fois. Benoît Hamon le déplore, 
« il manque une vraie politique publique pour conforter le modèle ».

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