Châtellerault : à Ozon, de la stupeur à l’impatience

Un an après les émeutes à Châtellerault, le centre commercial d’Ozon incendié gît toujours tel une verrue au milieu du quartier. La Ville pourrait prendre à sa charge sa démolition. Et l’annoncer le 20 juin lors d’une réunion publique ?

Arnault Varanne

Le7.info

Entre l’implantation d’un pôle de services publics en avril, le départ de la flamme olympique le 25 mai et la montée début juin du FC Ozon en Régional 2 de football, on a beaucoup parlé d’Ozon au cours des dernières semaines. En bien. Mais, parce qu’il y a un mais, « cette friche est insupportable », convient sans ambages le maire de Châtellerault, Jean-Pierre Abelin. La verrue en question, d’une superficie d’un millier de mètres carrés, rappelle au quotidien la triste nuit du 29 au 30 juin 2023 au cours de laquelle une dizaine de commerçants ont tout perdu dans le souffle des émeutes qui ont embrasé le pays. « Ceux qui vivent dans le quartier sont les premières victimes, remarque Amine Messaoudène, conseiller municipal et habitant d’Ozon de longue date. A ceux qui tirent à boulets rouges sur la Mairie, l’élu répond que « les choses ne dépendent pas de nous ». 
Avant d’ajouter, cinglant : 
« Dans cette affaire, l’Etat a été défaillant. »

Des commerçants 
dans la nasse

L’Etat, coupable d’avoir encaissé des charges Urssaf indûment, mais aussi les assureurs et le syndicat de copropriété concentrent toutes les critiques, en particulier l’agence Boisson-Leray, gestionnaire du syndic d’une grande partie du centre commercial. « On secoue les assureurs toutes les semaines. A un moment, il faudra peut-être aller plus loin mais ils ne le prennent pas bien », ajoute Maryse Lavrard, 1re adjointe au maire. Aller plus loin ? C’est peut-être prendre à sa charge la démolition du bâtiment, sachant que « nous avons déjà proposé aux propriétaires de racheter le foncier et de l’aménager en espace public ». 
De son côté, la Sem Habitat planche sur la transformation de l’ancienne supérette de la place Churchill. Mais seuls l’épicerie arménienne, le tabac-presse et Le Samovar seraient concernés par cette réimplantation dont l’échéance n’est pas encore connue.

Le FC Ozon, 
tout un symbole

Le 20 juin, la Ville a prévu d’organiser une réunion publique dans le quartier. En profitera-t-elle pour faire des annonces, notamment sur la démolition ? Jean-Pierre Abelin ne confirme... ni n’infirme la rumeur, se contentant de dire que « d’ici la fin de l’année une solution aura été trouvée ». 
Au-delà des commerces, dossier très sensible, la Ville a profité d’un point presse la semaine dernière pour annoncer la construction d’un terrain synthétique d’ici 2026. « Une prime à ce que fait le FC Ozon », 
assure l’élu. Le club aux 340 licenciés se démultiplie en effet sur tous les terrains, en particulier l’action sociale et l’aide aux devoirs. « Nous ne sommes pas une maison de quartier, mais on se doit d’apporter plus que du foot, explique Aïssa Kandila, président du club. L’aide aux devoirs concerne 72 enfants, pas forcément licenciés d’ailleurs. Il n’y en avait plus depuis un an... Au-delà, on a plein de projets concrets, autour de la santé, de l’addiction aux écrans, de l’alimentation, du sommeil, de l’orientation scolaire. Le 24 mai, le club a organisé une table ronde avec des professionnels issus du quartier et qui travaillent aujourd’hui en Suisse, aux Etats-Unis... C’est inspirant. » Jusqu’à ce qu’un centre social voie à nouveau le jour ? A Ozon, tout le monde l’espère. « Ça viendra peut-être dans les discussions le 20 juin, prophétise Yasin Ergül, 2e adjoint à la Jeunesse et aux Sports. Les échos du quartier sont positifs, même si tout n’est pas rose. »

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