Un an après les émeutes, Poitiers se remet doucement

Touchés par les violences urbaines à l’été 2023, Les Couronneries et les Trois-Cités portent encore les stigmates de ces attaques. Dans l’attente des reconstructions, certains habitants craignent pour l’attractivité de leur lieu de vie.

Charlotte Cresson

Le7.info

Mercredi dernier, la Nocturne cycliste de Poitiers a rassemblé 30 coureurs, place de Coimbra, aux Couronneries. Les habitants ont été au rendez-vous de l’événement, malgré un environnement encore dégradé. Depuis les émeutes qui ont embrasé Poitiers, dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin 2023, certains quartiers portent encore des stigmates. C’est le cas des Trois-Cités et des... Couronneries. Ici, les habitants sont encore très affectés. « Le quartier, c’est notre maison à tous », s’émeut Solange Laoudjamai. La conseillère municipale d’opposition et habitante des Couronneries a noté des changements à la suite des événements. « L’atmosphère est différente. Il n’y a plus de convivialité et les gens sont fermés. Je ressens comme une cassure. » 
De son côté, Nadine, une autre riveraine, dresse un constat identique. « Beaucoup de gens voulaient partir. Les émeutes ont entaché la réputation de ce quartier qui avait déjà mauvaise presse. » 


Des reconstructions attendues

Les stigmates de la place de Coimbra témoignent de l’impact que ces événements ont aujourd’hui encore sur la population. Les habitants font la liste des commerces et services touchés avec tristesse. « Un an que l’on a perdu notre boulangerie, notre point de presse, notre commissariat », déplore Jean-Michel Gautry, membre du conseil citoyen des Couronneries. Mais la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, se veut rassurante : 
« Les opérations de reconstruction sont engagées. » La réouverture du bureau de poste des Couronneries est attendue. Celle du commissariat, initialement annoncée pour cet été, a finalement été reportée à la fin 2024. En ce qui concerne les commerces, « la reconstruction dépend des copropriétaires. Des études sont en cours et le scénario leur sera présenté le mois prochain. » Les commerçants touchés ont pu bénéficier d’une aide d’urgence de la Ville ainsi que d’un accompagnement dans l’élaboration des dossiers. Aux Trois-Cités, le bureau de poste du Clos-Gaultier a échappé à la fermeture grâce à une mobilisation de la Ville et des habitants. Sa réouverture attendra aussi la fin de l’année, à l’instar du commissariat qui devait initialement rouvrir en juin. En attendant, les services de police des deux quartiers tiennent des permanences.


Une priorité sociale

Au-delà des aspects matériels, de nombreux dispositifs vont être créés ou renforcés pour le bien-être des habitants. Léonore Moncond’huy souhaiterait davantage de services publics, notamment plus de de policiers. Une maison de santé est par ailleurs prévue aux Couronneries. L’élue indique au-delà que « les caméras de surveillance détruites seront bientôt remplacées ». Le dispositif Programme de réussite éducative (PRE) est, lui, mieux doté depuis les émeutes, tout comme le service de médiation sociale qui bénéficie d’une aide de la Ville de 
100 000€. « Il y a une vraie nécessité de soutenir les maisons de quartier. » Un fonds d’initiative pour les quartiers est aussi né, il bénéficiera d’une aide de 1M€ par an. L’objectif : créer un cadre de vie agréable et sécurisant.

À lire aussi ...