Tarik Touahria : « Provoquer un déclic » chez les jeunes

La Fédération des centres sociaux de France sera bien représentée cette semaine lors des Rencontres nationales de l'éducation populaire, à Poitiers. L'occasion pour son président Tarik Touahria de rappeler son rôle au moment où l'argent vient à manquer.

Le7.info

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Vous interviendrez jeudi à Poitiers sur le thème de l'accès aux droits. De quoi parle-t-on ?
« C'est d'abord l'accès aux droits les plus élémentaires, se nourrir, se loger, mais aussi à d'autres très importants comme la culture, l'éducation, la citoyenneté, l'accès aux vacances... Le sujet se pose surtout dans les quartiers populaires, les territoires ruraux, en outre-mer. Les centres sociaux sont aujourd'hui amenés à pallier les défaillances des services publics. C'est plus que jamais d'actualité alors que nous sommes confrontés à une précarisation de la population. Nous voulons construire des solutions pour le plus grand nombre. »

Quelle place a l'« éduc pop' » par rapport à l'« éduc nat' » ?
« En matière d'éducation, notre rôle est de provoquer des déclics, montrer aux enfants et à leurs parents une autre vision de la société pour créer des possibles, alors que l'Ecole a tendance aujourd'hui à reproduire les inégalités sociales. On propose de l'accompagnement à la scolarité, de l'ouverture culturelle mais les difficultés scolaires, ce n'est pas un problème individuel, il faut une vision structurelle. On dit que les parents sont défaillants, je pense que les services publics sont plus défaillants que les parents. Nos référents familles travaillent sur les questions de soutien à la parentalité. Une partie de leur poste est financée par les Caisses d'allocations familiales (Caf), les centres doivent souvent trouver le complément. »

A Poitiers comme ailleurs, les centres sociaux étaient dans la rue le 31 janvier dernier. Vous réclamiez une aide exceptionnelle de 65M€ pour compenser l'inflation, une demande plus forte et une revalorisation salariale négociée avec le syndicat Elisfa. Qu'en est-il aujourd'hui ?
« La Cnaf devrait débloquer un fonds de 11M€ pour aider les centres sociaux les plus en difficulté. A condition que pour 1 000€ engagés, la collectivité locale verse aussi 1 000€ de son côté. C'est une bonne chose, mais ce n'est pas suffisant. Tous les co-responsables de la cohésion sociale doivent se mettre autour de la table. La réponse viendra aussi de l'échelon local. On a beaucoup de structures en difficulté, les déficits se creusent, on risque de déporter le problème sur l'année prochaine. On veut retravailler le modèle économique. Les centres ont déjà commencé à fermer des créneaux d'activité pour adultes et enfants. »

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