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Après Loudun en avril, Montmorillon a posé dans son espace public huit « pavés de mémoire » gravés du nom de victimes du nazisme. Une démarche originale qui s’inscrit dans le projet artistique et pédagogique « Stolpersteine ».
Nom de code : Stolpersteine. Depuis 1992, le projet artistique et pédagogique initié en Allemagne par l’artiste de street art Gunter Demnig essaime ses « pavés de mémoire ». A ce jour, plus de 10 000 de ses petits cubes de 10x10cm, en béton recouvert d’une plaque en laiton gravée à la main, ont été posés dans 25 pays d’Europe, dont plus de 500 en France. Dans la Vienne, Loudun a les siens depuis avril et Montmorillon depuis dimanche dernier. Ils rendent hommage à des victimes du nazisme, hommes et femmes, juifs, communistes, réquisitionnés pour le STO, résistants… « Il n’y a pas de hiérarchie parmi les victimes », insiste Christophe Woerhlé. Le président de l’association Stolpersteine France, docteur en histoire contemporaine, a découvert cette initiative en 2013 alors qu’il était étudiant en Allemagne. « C’est le plus grand mémorial décentralisé du monde. De plus, les pavés sont posés dans l’espace public, ils s’imposent à nous. » L’historien se charge de recenser les victimes dont il confie les noms à des classes et à leurs professeurs aux quatre coins de la France.
Au lycée Jean-Moulin de Montmorillon, 75 élèves de première et terminale spécialité HGGSP (histoire-géographie-géopolitiques-sciences politiques) et terminale STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) participent cette année au projet, avec le soutien de la mairie et l’accord des descendants. Sous la houlette de leurs enseignants Maxence G. (anglais) et Karen Fièvre (histoire-géographie), ils ont recherché des éléments biographiques sur huit victimes montmorillonnaises du nazisme(*). « C’est un projet interdisciplinaire qui permet de concilier histoire locale et devoir de mémoire, souligne le professeur d'anglais., en rappelant que « Montmorillon a été une destination de choix pour les personnes qui voulaient se réfugier en zone libre : la ville était géographiquement la première sous-préfecture après la ligne de démarcation ».
« De vraies histoires »
Au fil de leurs recherches biographiques, les élèves ont parfois eu la surprise de découvrir des noms familiers, ils ont aussi pu rencontrer les descendants de victimes et donc prendre conscience qu’à la grande Histoire imprimée dans les livres répondaient « de vraies histoires ». « La petite-fille de Charles Rocher nous a donné accès à des lettres que son grand-père avait écrites depuis l’Allemagne. Nous avons également eu un contact très fort avec le petit-fils d’Alexandre Dallais… » Nul doute également que la visite en avril du camp de concentration du Struthof, en Alsace, aura marqué les jeunes esprits…
Désormais, les huit pavés sont scellés dans le sol montmorillonnais comme l’histoire des victimes dans la mémoire de leurs jeunes biographes. Mais le projet ne s’arrête pas là : les prochaines promotions de lycéens, voire d’autres scolaires, participeront à l’avenir à leur polissage, devenant ainsi, à leur tour, des passeurs de mémoire.
(*)Alexandre Dallais, Raymonde Boisnault, Gaston Bergeron, Charles Rocher, Henri Rocher, Gilbert Auboyer, René Michon, Fiszel Sawczycki, 8 des 18 victimes montmorillonnaises identifiées.
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