La Déportation par-delà les mots

Dans la Vienne, plus de 280 élèves du secondaire participent cette année au Concours national de la Résistance et de la Déportation, parmi lesquels une classe de seconde du lycée Aliénor-d’Aquitaine inscrite dans un projet plus large de 
« classe engagée ».

« Comment résister à la déportation en France et en Europe ? » Telle est la question posée cette année aux élèves de 3e et aux lycéens dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD), créé en 1961. Date des épreuves individuelles et de dépôt des travaux collectifs : jeudi et mardi prochains. Dans la Vienne, une dizaine d’établissements se sont inscrits, soit plus de 
280 élèves qui ont tenté de répondre à leur façon à la question posée. « Le but est avant tout de les faire réfléchir », 
note Rémy Bourgaud. Cela faisait quelques années que le professeur d’histoire-géographie du lycée Aliénor-d’Aquitaine, à Poitiers, n'avait plus accompagné d’élèves dans la démarche, mais dans un contexte géopolitique tourmenté et face à des événements nationaux tragiques, il a inscrit sa classe de seconde. Depuis quelques mois, il conseille la trentaine d’élèves dans la préparation de travaux collectifs, par groupes de trois, à raison d’une heure par semaine. Une heure hebdomadaire sur quelques mois, c’est peu mais c’est déjà ça. 
« Sur Internet, toutes les idées se valent, note l’enseignant. Ce projet permet de remettre les choses à plat et de prévenir les amalgames. Les élèves travaillent sur de la matière humaine, c’est du concret. » 
Comme leur rencontre, en février dernier, avec Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz. De cette façon ils posent des visages et des vies sur les chiffres et les événements froidement relatés dans leurs livres d’histoire.

Une classe engagée

« En cours, on n’aborde pas l’aspect psychologique de la Déportation, note Naïs. Avec Chloé et Amlyne, elles ont choisi de s’interroger sur « la déshumanisation et comment y résister ». De leur côté, Manon, Maeva et Clémence ont rédigé « le journal de bord d’un Juif qui aurait été déporté dans le ghetto de Varsovie et aurait participé à l’insurrection ». Yassine, Ezana et leurs camarades se sont quant à eux penchés sur le destin de Siegfried Lederer, d’autres sur une Juste française…

L’implication de cette classe de seconde ne s’arrête pas au CNRD. Le concours n’est qu’une partie d’une démarche plus large de 
« classe engagée » menée autour du thème « Mémoire et histoire », avec à la clef un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel (SNU). Ainsi les élèves vont-ils aussi prendre part au projet européen Convoi 77. 
« Ce convoi est le dernier parti de Drancy pour Auschwitz-Birkenau le 31 juillet 1944, rappelle Rémy Bourgaud. Les deux tiers des déportés sont encore anonymes. L’association a souhaité faire réaliser leurs biographies par des élèves du secondaire. » Un travail de recherche que l’enseignant envisage déjà de prolonger avec l’ouverture au sein du lycée d’un atelier « passeurs de mémoire ».