En France, le taux d’emploi des 55-64 ans n’est que de 56% contre plus de 60% en moyenne en Europe et jusqu’à 70% en Suède. Une anomalie que les pouvoirs publics tentent de corriger.
C’est l’un douze travaux d’Hercule que la nouvelle entité France Travail aura à gérer : l’emploi des seniors au plus près des besoins. A l’initiative du Club des entreprises qui s’engagent, une soirée spéciale sur le sujet s’est déroulée le 19 décembre sur la Technopole du Futuroscope. « Nous avons interrogé au préalable les chefs d’entreprise pour savoir comment ils les percevaient. Les mots partage, expérience, parfois rigidité sont revenus », témoigne Marie Labelle-Menu, animatrice du club de réflexion. Au-delà de la soirée « RH », trois sessions de formation au numérique et de remise en confiance ont été organisées entre septembre et novembre par Pôle Emploi Futuroscope. Dix-huit personnes y ont participé.
Dans l’Hexagone, l’emploi des seniors est un tabou. Seuls 56% des 55-64 ans sont en activité, ce qui fait de la France un mauvais élève en Europe, comparée à l’Allemagne ou la Suède (70%). « Je suis convaincue que cela passe beaucoup par le maintien dans l’emploi », commente Catherine Balança. Dans un contexte où 61% des entreprises ont du mal à recruter, le profil des plus expérimentés ne peut être négligé. « L’enjeu de la performance économique nécessite de regarder de très près le sujet dans les entreprises, renchérit la directrice adjointe de l’activité transitons de carrières et mobilités du cabinet LHH, dont l’une des antennes se trouve à Poitiers. L’autre enjeu est sociétal. Une personne au travail a une utilité sociale... » Et quand on sait que près de 25% des actifs auront plus de 55 ans en 2031, la question est loin d’être anodine.
« Passerelles possibles »
Les freins restent pourtant nombreux entre niveau de rémunération plus élevée, supposé manque d’agilité avec les outils numériques, capacité d’adaptation... « Aujourd’hui, il existe surtout beaucoup de stéréotypes qui ne correspondent pas à la réalité. Les mentalités changeront si les entreprises acceptent de revoir la place des seniors dans leur organisation. » Ateliers integénérationnels, dispositifs de tutorats inversés pour transmettre les savoirs, mise à niveau de l’employabilité via des formations... Les solutions existent. « Les plus de 55 ans ont aujourd’hui le taux d’accès à la formation le plus faible parmi l’ensemble des salariés », analyse Catherine Balança.
Au-delà du maintien dans l’emploi, la problématique des métiers pénibles, notamment sur le plan physique, pose aussi le débat des « passerelles nécessaires » avec d’autres activités.
« Il y a par exemple une très forte demande de chauffeurs de bus. Les seniors ont de réels atouts pour exercer ce métier, qui demande un bon relationnel avec le public », ajoute la directrice adjointe de LHH.