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Dans les années 1980, des chercheurs de l'Ensma ont participé aux études de préfiguration de l'avion spatial Hermès. De ce projet avorté, il reste une maquette grandeur nature, que des étudiants souhaitent aujourd'hui rapatrier.
Qui se souvient encore d'Hermès ? Lancé à la fin des années 1980, ce projet de navette habitée était destiné à assurer l'indépendance de l'Europe dans l'espace face aux mastodontes russes et américains. A Poitiers, des chercheurs de l'Ensma se sont retrouvés particulièrement impliqués sur le sujet. Il faut dire qu'à l'époque, le CEAT (Centre d’études aérodynamiques et thermiques) situé en face de l'aéroport était le seul de France à disposer d'une soufflerie hypersonique capable d'atteindre Mach 8 (avec celle de l'Onera en région parisienne). « Nous travaillions sur les flux de chaleur sur des zones critiques comme le pare-brise, les bords d'attaque des ailes et les gouvernes, se souvient Thierry Alziary de Roquefort, qui dirigeait à l'époque le laboratoire d'études aérodynamique (LEA). Ce projet nous a amenés à collaborer avec des chercheurs de toute l'Europe. »
Plusieurs maquettes de quelques centimètres ont été conçues pour réaliser des tests dans la fameuse soufflerie poitevine. L'une de ces reproductions est d'ailleurs encore visible dans un bâtiment de la Technopole du Futuroscope. En 1987, le Centre national d'études spatiales (Cnes) a fait réaliser une autre maquette, grandeur nature cette fois, pour séduire les partenaires européens. Elle a été la vedette de plusieurs salons professionnels. Mais en 1992, le projet Hermès a finalement été stoppé, faute de moyens. Ce modèle impressionnant (20x13m) a été exposé un temps sur le parvis de l'Ensica à Toulouse, où il s'est abîmé. Depuis 2010, il est stocké dans un hangar du Musée de l'Air et de l'Espace au Bourget.
Rapatriement compliqué
En 2015, un étudiant de l'Ensma, François Leproux, a eu l'idée de sortir de l'ombre ce géant de composite et de bois pour l'installer devant l'école. En vain. Cette passion l'a tout de même amené à écrire un livre sur le projet Hermès. Marchant dans ses pas, Odin Ferrante a relancé l'initiative il y a quelques semaines. « Cette maquette rappelle une histoire oubliée de l'aventure spatiale française, assure cet élève ingénieur en deuxième année. Si Ariane 5 est aussi fiable c'est en partie parce qu’Hermès devait emmener des humains à bord. » Au sein de l'école, il a réuni une trentaine de « membres de l'association de conservation d'Hermès » (Mach). Mais le budget de restauration et de transport s'élève déjà à 300 000€. Sans compter la construction d'un petit hall couvert pour garder l'objet à l'abri. Concrétiser ce projet nécessiterait une large mobilisation publique et privée. On ne sait jamais...
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jeudi 21 novembre