Troisième volet de notre série sur les Jeux olympiques. Plusieurs sportifs poitevins ont eu le privilège de participer à la reine des compétitions, notamment Jean-Paul Gomez sur 10 000m aux JO de Montréal, en 1976. Le Ligugéen s’en souvient très bien.
Il a raconté son histoire des milliers de fois mais ne s’en lassera jamais. A la table des glorieux souvenirs, Jean-Paul Gomez se comporte en épicurien, sauf que c’est lui qui régale. Non, il ne sera pas porteur de la flamme olympique le 25 mai 2024 dans la Vienne sur la route de Paris. Même s’il l’avait voulu, des pépins de santé l’auraient contraint à renoncer. Et non il ne sera pas au Stade de France l’été prochain pour admirer le gratin mondial de l’athlétisme. « Je préfère regarder le sport à la télé et voir les gens heureux de faire la fête ! » Les JO, c’est de l’histoire ancienne pour le champion de France 1975 et 1976 du
10 000m, sélectionnée pour la XXIe édition à Montréal. Quoique sa mémoire se révèle d’une fiabilité redoutable. « Je ne faisais pas de l’athlé pour aller aux Jeux, c’était un rêve… Je suis parti de loin, j’ai connu ma première
sélection en équipe de France à 27 ans ! »
En Concorde
De fil en aiguille, sa sélection s’est avérée une évidence compte tenu de ses résultats. Le salarié de l’imprimerie de la Poste a non seulement réalisé les minima (28’30’’) mais il s’est surtout imposé une deuxième année consécutive aux France. Et a pulvérisé le record du
10 000m de dix-sept secondes lors du meeting de Munich en 28’1’’88. Direction les Jeux donc avec la ferme intention de « ne pas faire de tourisme ». Difficile quand on voyage en Concorde à une vitesse supersonique ! Le billet d’avion figure en bonne place dans ses archives. Au village olympique, le « père Gomez » est comme un gamin dans un magasin de jouets, heureux de son sort et de côtoyer les haltérophiles soviétiques « impressionnants ». Sur son nuage, l’athlète de l’ASPTT Poitiers termine 2e de l’une des trois demi-finales du
10 000m en 28’10’’. Il épate jusqu’à Platini et Hidalgo, qui l’invitent à venir manger à leur table. Le ministre des Sports de l’époque lui glisse un mot d’encouragement. Et même le triple médaillé olympique de vitesse sur piste Daniel Morelon lui fait une accolade au réfectoire. Hélas, la finale s’avère plus compliquée, il termine 9e. « J’ai laissé des plumes dans la série, je n’avais pas assez récupéré. »
« Aux côtés de
la Princesse Anne »
« Fier » de son parcours, Jean-Paul Gomez a passé le reste de son séjour canadien entre balades sur le Saint-Laurent, récital de Robert Charlebois et rencontres improbables. « Si tu n’as pas fait la cérémonie d’ouverture et de clôture, tu n’as pas fait les Jeux ! »,
avance le septuagénaire. On n’a pas tous les jours l'occasion de défiler « aux côtés de la Princesse Anne ». « Ce sont de bons souvenirs quand j’y pense, bordel de m… On a l’impression d’être le roi du monde. »
Nicole Ramalalanirina, quatre à la suite
Championne de France, troisième des Mondiaux en salle, cham- pionne d’Afrique... Nicole Rama- lalanirina possède un palmarès long comme le bras sur 100m haies. La native de Madagascar présente la particularité d’avoir participé à quatre olympiades sous deux maillots différents : les Jeux de Barcelone et d’Atlanta en 1992 et 1996 avec Madagascar, ceux de Sydney et d’Athènes en 2000 et 2004 avec l’équipe de France. « La première fois, j’avais 20 ans, j’étais dans la découverte. Je suis allé à Atlanta avec plus d’ambitions, mais je me suis arrêtée en demi-finale. » Le coup est passé tout près à Sydney. « J’ai longtemps cru monter sur le podium, mais la concurrente du couloir voisin m’a touché la main à deux haies de l’arrivée... » Résultat, une 6e place « décevante » au bout de l’effort, avant d’échouer aux portes des demi-finales à Athènes. La Poitevine ne garde « que de bons souvenirs » des Jeux. « Voir les sœurs Williams manger des hamburgers à 6h du matin au village olympique, ça marque ! Au-delà de ça, quand vous avez un stade de 100 000 personnes qui ne fait plus un bruit au départ d’une course, c’est quelque chose ! » Les Jeux à Paris en 2024 ? Nicole Ramalalanirina n’a pas prévu d’y participer comme spectatrice, même si elle aimerait bien « montrer l’athlé à [ses] enfants », deux garçons de 15 et 14 ans. La salariée de la Caisse d’Epargne craint cependant le pire pour l’athlé français, revenu presque bredouille (une médaille d’argent) des Mondiaux de Budapest en août dernier.