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Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Malgré la loi de 2018 qui les a bannis des collèges et des règlements intérieurs prohibitifs, il serait illusoire de penser que les portables ne franchissent pas les portes des collèges et lycées de la Vienne. Alors autant les utiliser à des fins pédagogiques et « trouver un juste milieu entre le laisser-faire et l’interdiction », note Hélène Azevedo. Elle est, avec Sylvie Audrain, ingénieure en technologie, la co-fondatrice d’une startup bretonne dont l’objet, ModCo, est testé cette année dans une trentaine d’établissements en France. Trois collèges de la Vienne participent à cette expérimentation dans le cadre du dispositif Territoires numériques éducatifs (TNE). Le principe : « exploiter les téléphones disponibles dans quasiment toutes les mains des collégiens et lycéens à des fins pédagogiques, tout en les responsabilisant à un usage raisonné du téléphone ».
Concrètement, ModCo(*) se compose de deux interfaces sécurisées par un mot de passe, l’une accessible au professeur, l’autre aux élèves sous la forme d’une application à télécharger. « Ils l’activent en entrant en classe et peuvent ainsi avoir accès à des contenus partagés par l’enseignant », explique Hélène Azevedo.
Professeur en Sciences et vie de la Terre (SVT) au collège Jean-Jaurès de Gençay, Christine Morin sollicite depuis plusieurs années déjà les smartphones de ses élèves comme support pédagogique, sous couvert d’une charte d’utilisation dûment signée par les familles et d’un avenant au règlement intérieur de l’établissement. « Mais il n’y avait jusqu’à présent pas d’outil de gestion. Et on ne peut pas être derrière tous les élèves en même temps. » ModCo, si ! Dès qu’un élève sort de l’appli, le professeur est alerté.
« Dans mes cours, les élèves fonctionnent beaucoup avec des plans de travail. A partir de leur smartphone, ils peuvent avoir tous les documents en version numérique, par exemple des vidéos à visionner desquelles ils doivent tirer des informations pour répondre à un questionnaire, expose Christine Morin. Cela va dans le sens des pédagogies actives. Les élèves peuvent travailler à leur rythme, ce qui est essentiel car tous n’ont pas la même vitesse de compréhension ni d’exécution. » Christine Morin est l’une des deux référentes départementales pour les usages pédagogiques du numérique de TNE. Cette année, elle a choisi d’utiliser ModCo avec ses 3es, l’établissement procurant du matériel aux -rares- élèves dépourvus de smartphone. « ModCo participe également au développement des compétences numériques », complète Hélène Azevedo, auteure d’une thèse sur l’impact des technologies dans l’éducation en primaire.
A court terme, une collaboration avec le laboratoire de recherche poitevin Techné est prévue afin de « mesurer l’impact de la solution ModCo dans la sensibilisation des élèves à un usage responsable du téléphone ». Des développements sont déjà envisagés, pour une utilisation hors temps scolaire ou encore pour la création de contenus, « ce qui ne veut pas dire écarter l’écriture manuscrite », rassure Hélène Azevedo.
(*)ModCo coûte 250€ pour cinq licences professeur, financés dans la Vienne par le dispositif TNE.
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