mardi 24 décembre
Face au réchauffement climatique, l’Office national des forêts a entrepris une révision du plan de gestion de la forêt de Châtellerault afin d’y préserver les feuillus… et de la préserver tout court. En concertation avec les autres usagers.
Le Giec(*) l’a dit et redit. Désormais, même la forêt crie au réchauffement climatique, malgré les adaptations déjà consenties depuis quelques années. « Les effets s’accélèrent, les certitudes ont évolué, constate Sébastien Allo. Il est temps de changer de paradigme. » En forêt domaniale de Châtellerault -530ha-, face à l’urgence, l’Office nationale des forêts (ONF) a décidé de réviser son plan de gestion de manière anticipée. « Il y a des signes de dépérissement. Il y a quinze ans, on pensait que le chêne pédonculé ne supporterait pas le changement climatique, on l’a arraché pour le remplacer par du chêne sessile, dont on n'est plus certain aujourd’hui qu’il soit plus adapté, au vu des échecs de plantation », résume le responsable forêt de l’ONF Poitou-Charentes. Quand elles ne servent pas d’en-cas à la faune, les jeunes pousses résistent difficilement aux aléas climatiques de ces dernières années. Et le chêne pubescent, déjà sur les rangs pour venir à la rescousse des feuillus châtelleraudais, n’apporte pas davantage de garanties. « Si on voulait être certains de réussir, on mettrait du pin partout, mais on souhaite s’appuyer sur l’existant, en espérant que ces trois variétés de chêne s’hybrident. C’est un pari sur cinquante ans ! »
Une réflexion élargie
L’ONF tâtonne, s’adapte et, dans ce contexte, a souhaité élargir la réflexion à tous les usagers du massif, pompiers, élus, chasseurs, randonneurs, associations de défense de l’environnement… « C’est une opportunité motivante. Dans la forêt, il n’y a pas que les arbres, il y a tous les étages et il est toujours intéressant d’entendre le gestionnaire de cet espace sur ces questions », souligne Françoise Mortreuil, de la Ligue pour la protection des oiseaux. Après une première réunion fin avril, tous se sont retrouvés début juillet sur le terrain où trois ateliers leur ont permis d’aborder la forêt comme lieu d’accueil du public, dans l’économie sylvicole et dans le cadre de la lutte contre les incendies. Car, de fait, « le massif est à risque », rappelle Antoine Bled, responsable ONF Poitou-Charentes. Ne serait-ce que parce que « c’est le seul massif de Poitou-Charentes situé en zone périurbaine ». Autre particularité, « il est presque entièrement entouré de grillages », complète le lieutenant des pompiers Sébastien Martin.
A l’été 2022, par précaution, l’ONF avait suspendu ses activités forestières lors des vagues de chaleur. Devra-t-il, à l’avenir, procéder au marquage des arbres l’été plutôt que l’hiver afin de mieux mesurer leur résistance/résilience au réchauffement climatique, comme cela se fait dans d’autres massifs ? Faudra-t-il miser sur la signalétique pour responsabiliser les particuliers, au risque de créer une forêt de panneaux ? La révision du plan de gestion soulève de nombreuses interrogations. Une nouvelle réunion est prévue début septembre pour une proposition finale attendue à la fin du mois.
(*)Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
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