Hier
Le Regard de la semaine est signé Sarah Sauquet.
Septembre, ce mois couleur d’ambre, comme le chante Barbara, est un mois plastique, tout sauf simple, qui a ses trous noirs et trous de ver. S’il ressemble à un train lancé à grande vitesse dans lequel il nous faudrait tous monter, il dessine des territoires et creuse des tranchées entre procrastinateurs et hommes pressés, anxieux et sereins, aidants épuisés et heureux du monde ambitieux. Septembre pousse les parents à couper les cordons et accompagner les enfants dans leurs premières fois. Il oblige collégiens et lycéens à renoncer aux grasses matinées et soirées à discuter pour opérer des arbitrages entre différents cycles : temps maniable de la négociation, temps déraisonnable du retard, temps investi dans le rêve, le sommeil, ou le scrollage sur le téléphone, temps des amours fondatrices, temps des tempêtes sous un crâne ou noyades dans un verre d’eau. Septembre, c’est aussi le mois des résolutions et réinscriptions. Éprouverons-nous le besoin maladif d’être toujours occupés, sur les planches, sur la piste cendrée d’un stade, dans un gymnase ou un atelier d’artiste ? Quel rôle endosserons-nous ? Arriverons-nous à le tenir ? Septembre amer, et ses fruits secs, cela peut aussi être un téléphone qui ne sonne pas, des bonnes nouvelles qui n’arrivent pas, des enfants et adolescents qui ne peuvent faire leur rentrée faute de structures adaptées, des entrepreneurs qui ne connaissent plus que les
« tracances » et dont le mois de septembre ressemble à la traversée d’un tunnel. Certains auront déménagé, changé de région ou quitté un pays, pour travailler, aimer ou survivre. Septembre symbolise alors la rupture et le renouveau et apparaîtrait presque printanier. « Quel joli temps pour se dire au revoir. » Je vous souhaite un beau mois de septembre, une rentrée solidaire, fraternelle, avec une pensée particulière pour tous celles et ceux qui n’auront pas le privilège de faire la rentrée qu’ils espèrent. Je vous souhaite de faire assez confiance à la vie pour transformer les plans C, D ou E de votre existence en plan B, à la Chester Himes, et peut-être même en plan A. Ainsi pourrez-vous dessiner la plus singulière et authentique des trajectoires. Veillez simplement à ne pas oublier que le train de sénateur fait parfois les meilleurs coureurs.
CV express
Parisienne amoureuse de la Vienne. Littéraire passionnée par la pop culture. Prof de lettres, autrice, créatrice d’applications littéraires. Curieuse des êtres, sensible aux choses de la vie et trajectoires complexes. Aimerait vivre dans un film de Claude Sautet. Dr Fervente Mrs Inquiète. Atteinte d’une MICI.
J’aime : le goût de l’effort, l’empathie, l’audace et le courage, prendre un thé chez Jasmin Citronnelle à Poitiers.
Je n’aime pas : la flagornerie, la malhonnêteté intellectuelle, la jalousie.
DR Emilie ChâteauÀ lire aussi ...
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.