« Je ne défendrai pas la chasse… »

« Je ne défendrai pas la chasse parce que c’est une activité légale. Mais je veux bien l’expliquer. » A quelques jours de l’ouverture le 10 septembre, Michel Cuau fait le point sur l’activité de la Fédération des chasseurs de la Vienne qu’il préside.

Claire Brugier

Le7.info

Combien y a-t-il de chasseurs dans la Vienne ?
« Je n’ai pas le nombre exact car nous allons recevoir des validations jusqu’au 15 octobre. L’an passé, nous avions 11 800 adhérents. La tendance a l’air à peu près étale. »


Validation du permis, déclaration sur le Système d’information des armes (SIA)… Comment les adhérents prennent-ils le virage numérique ?

« Nous avons autant de numéros de téléphones portables que d’adhérents mais seulement 
7 500 adresses mail à ce jour. Parallèlement, les deux tiers des permis de chasser sont validés sur Internet. Ça progresse mais il y aura toujours des papiers car il y a des récalcitrants. Et sans loi… »

La loi de juillet 2019 a transféré des missions aux fédérations. Avec quels effets ?
« Une charge de travail supplémentaire. Nous avons dû créer un poste (ndlr, portant l’effectif salarié à 13), notamment pour la gestion des ACCA. Ce sont autant de missions de service public que l’on fait gratuitement, comme les formations, les dégâts… Sur un budget de 2,5M€, les dégâts agricoles représentent la moitié. Les superficies endommagées augmentent, les prélèvements aussi. »

Quels sont les chiffres ?
« La saison passée, nous avons prélevé 7 431 sangliers, 
contre 7 116 l’année précédente (+4,2%). Côté grands cervidés, on est passé de 2 033 à 2 363 (+13,9%). Ce qui commence à devenir agaçant, c’est que la fédération indemnise 100% des dégâts de grand gibier alors qu’on ne peut intervenir que sur 65% du territoire. Il est normal de ne pas pouvoir chasser le sanglier dans Poitiers, dans l’espace naturel du Pinail ou encore dans la réserve de Saint-Cyr… Mais on demande que ces 35% soient compensés. »

Observez-vous d’autres changements dans la faune ?
« Depuis cinquante ans, les modifications du biotope ont été importantes, en lien avec celles du monde agricole (mécanisation, utilisation de produits…). A partir des années 1970, le petit gibier a commencé à payer un lourd tribut. Mais depuis environ quinze ans on revoit des populations de perdrix et faisans, le lièvre aussi est très présent. De notre côté, les contrats petit gibier progressent. La fédération s’est aussi lancé un défi autour d’une espèce emblématique migratrice, la caille des blés. L’idée est de garder les chaumes de blé où elle pourrait se maintenir au moins jusqu’au 15 octobre. Certains agriculteurs se sont déjà engagés, à Leignes-sur-Fontaine, dans le Loudunais... »


Dans un rapport publié le 3 août, la Cour des comptes pointe un manque de transparence des fédérations dans la répartition du fonds biodiversité…
« Chaque année on plante des haies et bosquets -7 387 l’an dernier, contre 2 044 l’année précédente-, des bandes enherbées le long des fossés, on subventionne l’achat de graines pour que les agriculteurs sèment des couverts… »


Malgré tout, la chasse continue de diviser…
« Si on veut attaquer la chasse, je ne la défendrai pas, parce que c’est une activité légale. Mais je veux bien l’expliquer. La majorité des gens ont compris mais certains en sont restés au sketch des Inconnus, ô combien diffamatoire. Personnellement, début septembre, je vais partir avec mon chien et j’espère qu’il va faire des actions d’arrêt, suivies ou non de prélèvements. Je ne vais pas à la chasse pour me nourrir. »

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