Petit je nais

Le Regard de la semaine est signé Maximilien Petitgenet.

Sur mon téléphone, une notification. Je regarde machinalement. Encore la photo d'un plat extravagant partagé sur Instagram par un proche en quête de reconnaissance. Puis une autre. Facebook cette fois. Pour se vanter d'un mode de vie luxueux supposé être synonyme de réussite. Soupirs...

L'an dernier, j'ai fait un voyage. Une aventure en famille, par-delà les océans, loin de ma zone de confort, loin de notre vie d'occidentaux. Chez les peuples pre- miers, ceux qui étaient là il y a 10 000 ans et qui ne vivent pas différemment aujourd'hui. Sans eau courante, sans électricité, sans lit, sans douche.

Avec rien.

Chez ceux qui pourtant, à la tombée de la nuit, se rassemblent et se mettent à danser pour célébrer d'avoir vécu une journée de plus. Et nous invitent à chanter avec eux, heureux de partager tout ce qu'ils ont. Dénués et heureux. Sans attaches et sans soucis. Sans ennemis, et terriblement entourés d'une famille très élargie.

Avec tout.

C'est dans l'isolement, loin de toute richesse matérielle et proche de tant de bonheur, qu'on comprend le véritable sens de la richesse. Quand on me demande ce qui m'a manqué pendant ce voyage, je souris. Ce n'était pas le confort. Ce n'était pas l'argent. C'était l'éclat de rire de mon frère autour d'un repas partagé, le sourire de mes filles quand leurs grands-parents les serrent dans les bras, le bonheur des embrassades entre amis le soir d'une nuit d'été. L'amour.

La seule chose qui a manqué, mon seul patrimoine, c'est ma famille au sens large, famille de sang et famille de cœur. Petit je nais, grand je deviens. Grand par les leçons que la vie et le voyage m'ont enseigné. Grand par l'amour que je porte à ceux qui m'entourent. Notre seule vraie richesse n'est pas celle de notre compte bancaire. C'est celle qui bat dans nos cœurs et qui brille dans les yeux de ceux que nous aimons.

Petit je nais, grand je deviens. Grand, non pas par ma stature, mes followers ou mes likes Instagram, mais par la sagesse -je l'espère !- 
que la vie m'a offerte, en m'apprenant que c'est notre patrimoine immatériel qui fait de nous des êtres véritablement riches. 

CV express
De double formation (ingénieur Ensma + IAE Poitiers en management), passionné d’environnement, entrepreneur... Je suis surtout papa de trois petites filles. Pour répondre à la question qu’elles me poseront un jour -« Et toi papa, qu’est-ce que tu as fait pour préserver la planète ? »-, j’ai fondé Purple Pepper et je veux ainsi passer le reste de ma vie à lutter contre le changement climatique.

J'aime : transmettre, la philosophie (notamment le stoïcisme), la science, l’entrepreneuriat et le management, les optimistes, ceux qui passent à l’action et Chopin.

J’aime pas : ceux qui râlent et se plaignent, l’inaction climatique, les embouteillages, les consensus qui ne font rien avancer et les choux de Bruxelles.