Les villages veulent leur station

La voiture reste incontournable en milieu rural. A défaut d’offre locale, deux communes isolées de la Vienne 
ont convaincu un 
investisseur d’installer une station-essence sur leur territoire. Une façon de renforcer l’économie locale. Et le modèle s’étend.

Romain Mudrak

Le7.info

A Lathus-Saint-Rémy, environ 1 200 habitants, la commune la plus vaste en superficie de la Vienne, difficile de se déplacer sans voiture. Pour un couple, il en faut même souvent deux. Sans compter les scooters des adolescents… Pour faire le plein, direction Montmorillon ou Le Dorat, soit 30km aller-retour ! Autant dire que les administrés en profitent aussi pour faire leurs courses et, pourquoi pas, un resto. Alors la municipalité a eu une idée : doter le territoire de sa propre station-essence. 
« C’était d’abord une demande des administrés, souligne Christian Souille, adjoint au maire en charge du Budget. C’est évidemment un moyen de soutenir la dynamique économique locale. Un second médecin et deux infirmiers viennent de s’installer, bientôt cinq couples dans un habitat partagé, dont une orthophoniste et un ostéopathe… »

La station a été inaugurée le 
10 janvier dernier sur la zone artisanale des Pâtureaux à l’entrée du bourg, le long d’une voie où passent 1 800 véhicules par jour selon l’élu. Celle de Monts-sur-Guesnes a ouvert avant Noël. La démarche a été identique. Avant, les habitants partaient forcément du côté de Loudun, Mirebeau ou Lencloître pour remplir leur réservoir. « On espère qu’ils en profiteront désormais pour faire leurs courses sur la commune car nous avons la chance d’avoir pratiquement tous les commerces de première nécessité »,
 confie le maire Alain Bourriau. Les pompiers étaient aussi demandeurs pour leurs véhicules. « On participe à la réduction des dépenses des ménages, ils économisent deux voyages de 15km et ça diminue la pollution. »

Un partenaire privé 
gère la station

Dans le Nord-Vienne comme à Lathus-Saint-Rémy, aucun acteur local n’était en mesure de porter ce projet, ni garagiste, ni centre commercial. Gérer la station en direct ? Ce n’est pas le rôle d’une collectivité. Alors les élus ont fait appel à un investisseur français privé, Gestinor. « Il s’occupe de construire le bloc et gère tout à distance, se félicite Christian Souille. Gulf se charge de l’approvisionnement. La commune a réalisé les travaux de voirie. » Au passage, elle en a profité pour concevoir une aire de covoiturage. Des bornes de recharge pour les véhicules électriques seront installées en 2022 et le pré-câblage est réalisé pour l’hydrogène. Grâce à l’aide des collectivités et de l’Etat, l’investissement en fonds propres de la commune s’élève à 18 000€. De son côté, Gestinor met près de 300 000€, que la société rentabilisera en se rémunérant sur la vente de carburants. D’autres communes comme Chauray, La Trimouille, Saint-Secondin ou Verrières seraient intéressées par le modèle. Et vous savez quoi ? Les prix de l’E10, du diesel et de l’E85 ne sont pas plus élevés qu’ailleurs.

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