Avec La Fille ronde comme…, la compagnie poitevine Quiproquos Théâtre signe sa première vraie pièce, un texte longuement mûri pour questionner tous les publics et servir une réflexion sur toutes les différences.
Improvisation, éloquence, médiation culturelle, autant de territoires que la compagnie Quiproquos Théâtre a déjà explorés de long en large depuis sa création en 2017. Mais une pièce de théâtre, une vraie, écrite, mise en scène, incarnée du premier au dernier mot, la compagnie fondée par Charlotte Talbot et Hervé Guyonnet n’en avait jamais conçu. Pour cela, il fallait attendre le bon moment, la rencontre idoine, « surtout ne pas tomber dans l’urgence de la créer hâtivement », lance Charlotte. A la suite d’un atelier d’écriture avec Laure Bonnet, artiste associée au Centre dramatique national (aujourd’hui Le Méta), la comédienne a osé. « Laure m’a légitimée dans mon parcours d’écriture. Et elle m’a accompagnée en dramaturgie. »
La Fille ronde comme… pouvait enfin naître. Ou renaître.
« C’est une auto-fiction inspirée de situations que j’ai pu vivre. J’ai été une fille ronde, une femme obèse, et j’avais la volonté de parler de ce sujet à travers mon média, qui est le jeu. C’est un petit bout de moi que je mets là-dedans, je ne donne pas de recette. » Cette pièce est plus une invitation, une incitation à « se libérer des jugements des autres mais aussi des siens ».
Toutes les différences
Après le temps long de l’écriture, émaillé ici et là de résidences d’artiste -notamment à La Blaiserie, à Poitiers-, qui ont permis de tester des bouts de textes sur des publics très divers, Charlotte a confié la mise en scène à Julien Playe « pour ne pas interagir sur le reste de la création ». Le résultat est épuré, plein de fantaisie, à mettre entre toutes les oreilles. Sur scène, la fille ronde est incarnée par l’autrice. A ses côtés, Sonia Cadeilhac joue tour à tour la mère, la copine, la femme de ménage, le docteur, la robe rouge « qu’on aimerait mettre toute sa vie » et Katemoss « la copine de 54kg que l’on a, elle, sur le dos toute sa vie ». Il y a aussi le garçon, l’enfant et les petites voix des « rigolos ». « La grossophobie n’est qu’une porte d’entrée vers la différence, pour questionner le rapport à l’autre, comment on se sent heureux au sein d’un groupe, reprend Charlotte. Ce projet doit être un vecteur qui déclenche des projets annexes, des ateliers d’écriture, d’éloquence, d’improvisation théâtrale. L’éducation artistique est dans notre ADN, comme l’éducation populaire. »
La Fille ronde comme…, par Quipropoquos Théâtre, à partir de 7 ans, le 27 janvier à 19h30 et le 28 janvier à 20h30, dans le cadre des Soirées de la Montgolfière de La Blaiserie, à Poitiers.