mardi 24 décembre
L’Association des maires de la Vienne, le parquet et la gendarmerie manifestent depuis près d’un an une attention accrue aux incivilités auxquelles sont confrontés les élus municipaux. Des formations spécifiques sont mises en place.
Depuis septembre 2020, les maires victimes d’agressions verbales ou physiques peuvent les signaler directement au parquet de Poitiers, par mail ou par téléphone. Mickaël Prisset y apporte une attention particulière. Ces plaintes restent toutefois peu nombreuses, « à peine une dizaine depuis décembre, surtout des outrages, des diffamations… », constate le chargé de mission auprès des chefs de juridiction. De quoi se réjouir a priori, mais « j’ose espérer que ce n’est pas parce que les élus ne disent rien… » Rien n’est moins sûr selon l’Association des maires de la Vienne (AMF86), premier relais vers la Justice.
« Quoi qu’il en soit, la Vienne est un département relativement préservé, tempère Mickaël Prisset. La dernière agression physique est celle dont a été victime le maire de Croutelle. » Les faits remontent au 6 septembre 2020. « J’ai été prévenu de la présence de gens du voyage dans un parc de la commune, raconte l’intéressé, Arnaud Rousseau. Comme j’habitais à proximité, je me suis rendu sur place en 2-3 minutes. » Bientôt « une vingtaine d’individus menaçants sont arrivés vers moi et je me suis retrouvé propulsé sur le mur, de l’autre côté de la route. »
Parfois, l’agression prend une tout autre forme. Le maire d’Availles-en-Châtellerault en a fait les frais le 24 septembre dernier, alors qu’il avait tenté la veille d’apaiser un différend entre voisins. « Nous avons discuté tranquillement. » Le lendemain, l’un des protagonistes de l’affaire s’est plaint sur les réseaux sociaux, sans identifier l’élu. Effet viral garanti. « Une jeune femme a eu des propos diffamatoires dans lesquels elle désignait « le maire ». Je ne voulais pas laisser passer ça. Sur les réseaux, on est dans une espèce d’inconscience collective, c’est dangereux. » Bernard Biet a porté plainte.
Vigilance
En amont du volet judiciaire, la gendarmerie, en lien avec l’AMF86, a mis en place depuis la rentrée des formations à destination des maires et élus municipaux. Cinq sessions ont déjà eu lieu, animées par des négociateurs formés auprès du GIGN. Au menu : théorie et jeux de rôle pour la mise en situation. « L’objectif est de leur donner les clefs pour leur éviter de s’exposer inutilement, ainsi que des méthodes d’analyse-réflexe, explique le Colonel Sylvain Duret. En 2020, en France, 1 276 actions à l’encontre des maires ont été relevées, soit trois fois plus qu’en 2019. Notamment dans les communes de plus de 500 habitants non dotées de police municipale. Globalement, on observe une remise en cause croissante de l’autorité, quelle qu’elle soit. » Cette réalité n’a pas échappé à Christian Bodin. Le fondateur de Lagence 164, à Avanton, a fait de la détection et de la prévention des dangers imminents le cœur de son activité. Aux élus auprès desquels il intervient, il conseille avant tout de « monter le niveau de vigilance, en étant prêt et conscient de là où l’on va, puis en faisant la lecture de son environnement immédiat et de la personne que l’on a en face de soi. Sans tomber dans la paranoïa évidemment ».
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