Cord’âges ouvre le champ des possibles

Depuis trois ans, Cord’âges s’affirme comme un lieu d’échanges où les différences sont une richesse et où les générations se mêlent. Rencontre avec sa co-fondatrice 
Véronique David.

Claire Brugier

Le7.info

 

En trois ans d’existence, qu’est-ce qui a changé, ou pas, à Cord’âges ?

« Nous essayons toujours de faire en sorte que tout soit possible, d’apporter des activités de qualité à moindre coût pour nos adhérents. Leur nombre est plus dense aujourd’hui, autour de plusieurs fils rouges : le sport adapté, la nature et l’écologie, la zénitude et le bien-être, et l’ouverture à la culture. Nous sommes également en train de développer le club des aidants. Mais les activités ne sont qu’un support, un outil pour créer du lien. »

Quelle est la part des « âges », de l’intergénérationnel ?

« C’est la plus belle des richesses, celle qui nous identifie ! Nous avons actuellement 120 adhérents ; le plus jeune a 18 ans cette semaine et le plus âgé a 
94 ans. L’intergénérationnel, l’interculturel, la multipathologie font notre richesse. Ce qui réunit nos adhérents, c’est l’isolement, qu’il soit dû à la maladie, la précarité, l’absence de famille… Chacun est différent, tous ont un projet personnel. Cette diversité fait qu’il y a reconnaissance et acceptation des différences de l’autre. L’autre jour, une éducatrice extérieure m’a demandé comment nous gérions les conflits. Mais il n’y en a pas ! »

Comment avez-vous traversé la crise sanitaire ?

« Pendant le premier confinement, nous avons continué d’accompagner les adhérents, à travers des appels et des mails quotidiens. Nous avons également fait des visites de trottoir car ils avaient besoin de verbaliser la situation, d’être initiés aux gestes barrières… Nous avons aussi beaucoup travaillé avec les aidants, parfois complètement désemparés. A la fin du premier confinement, nous avons eu l’autorisation de rouvrir et nous n’avons plus fermé depuis ! Parallèlement, le Covid a permis de renforcer les relations avec nos partenaires, le CH Laborit, Audacia, Un chez-soi d’abord… Et cela a aussi conforté le lien de confiance avec les adhérents et les aidants. »

Côté finances, la situation s’est-elle stabilisée ?

« L’aspect financier reste toujours problématique, pour le fonctionnement (salaires, loyer, charges), sachant que nous avons cinq salariés et deux services civiques. La période a été un temps de réflexion pour finaliser des dossiers. Nous avons ainsi obtenu deux agréments, celui de Groupe d’entraide mutuelle de l’ARS, et celui d’Espace de vie sociale de la CAF. Mais cette reconnaissance et ces financements ne suffisent pas. Nous devons compléter par des subventions au niveau local, répondre à des appels à projets… Grâce au don de restaurateurs, nous avons pu offrir des séances d’équitation à trois adhérents et payer la moitié des cours de golf d’un autre. Nous sommes toujours en recherche de partenaires. On ne peut pas encore dire que Cord’âges est pérenne. »

Mais Cord’âges reste un lieu assez unique…

« Aujourd’hui nous sommes identifiés par des professionnels du soin comme des « thérapeutes du lien social » (sourire). Par ailleurs, via un partenariat, une doctorante et trois chercheurs du laboratoire CeRCA(*) de l’université de Poitiers vont mener une étude sur le cognitif, le sport adapté et le psycho-social pour démontrer l’importance du lien social. Et toutes les semaines, nous avons des appels de personnes qui veulent créer un Cord’âges bis. Mais Cord’âges est avant tout ce que l’équipe et les adhérents en font. »


(*) Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage.


A voir jusqu’à dimanche, passage des Cordeliers à Poitiers, expo photo d’un projet collectif de Cord’âges.

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