Les éleveurs sortent les cornes

Comme annoncé la semaine dernière, une cinquantaine d’éleveurs de la Vienne ont bloqué l’accès, ce matin, de l’usine de transformation de Vivonne Viandes, pour rappeler les difficultés dans lesquelles se débat la production française.

Nicolas Boursier

Le7.info

Pour pacifique qu’il soit, leur geste se nourrit d’un ras-le-bol commun à tous les départements de l’Hexagone. L’élevage tricolore est en souffrance et les exploitants de la Vienne n’échappent pas au marasme. Marges de plus en plus étroites, charges en hausse, revenus minimalistes au regard des contraintes endurées et du temps investi, traçabilité évanescente d’un point à l’autre de l’Union européenne… La production animale française se sent « spoliée » et proche de l’implosion. « Tant que les réglementations ne seront pas harmonisées à l’échelle continentale, nous ne nous en sortirons pas », alerte Denis Bergeron, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles.

Au côté des Jeunes Agriculteurs (JA), les sympathisants de la FDSEA 86 ont martelé leurs inquiétudes, ce matin, devant les portes de l’usine de transformation de Vivonne Viandes. « Une entreprise qui travaille très peu en local », regrette l’éleveur ovin et bovin de Saulgé. « Le moins cher du marché, c’est encore et toujours l’agriculteur », peut-on lire sur le tract distribué aux automobilistes. Ce papier en main, Denis Bergeron poursuit son réquisitoire. « Lorsque vous voyez un « UE » sur l’étiquette d’un produit, cela ne veut rien dire. Le coût de la main-d’œuvre est tellement dérisoire dans certains pays de l’Est, notamment, qu’on comprend pourquoi tous les états membres ne sont pas près à aligner les prix à la vente. C’est pourtant ce que nous exigeons. Que ces prix soient harmonisés et, surtout, que la qualité et le savoir-faire de la production française soient reconnus à  leur juste titre, par un étiquetage parfaitement identifiable, qui argue une vraie traçabilité. »

150 000 emplois menacés

FDSEA et JA ont fait leurs comptes, « consommer de la viande ou du lait français, c’est la garantie que l’animal a mangé moins de 5% d’aliments OGM, contre 80% dans d’autres pays ». « Au-delà, assène Denis Bergeron, un agriculteur, c’est sept emplois induits. Si 25 000 élevages sont en faillite, ce sont 150 000 emplois qui sont directement menacés. Les transformateurs et les grands groupes de distribution, Auchan et Leclerc en tête,  s’engraissent sur notre dos… » Et mentent par-là même au consommateur…

 

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