Jean-Christian Rivet, scène envie

Jean-Christian Rivet, alias Jissé. 61 ans. Consultant, conférencier spécialiste des réseaux. Et désormais stand-upper. Niortais, Poitevin et Vendéen. Ancien de la Banque de France. A la bougeotte. Signe particulier : se voit sur les planches jusqu’à pas d’âge.

Arnault Varanne

Le7.info

La représentation de samedi aura une valeur sentimentale, forcément. Ses parents « maintenant âgés » seront pour la première fois dans la salle pour assister à la Triple Comedy(*). Ceux-là mêmes qui pensaient que leur rejeton, parti de sa Charente à 19 ans avec un bac comme seul bagage, mènerait une carrière paisible à la Banque de France. Grosse erreur. Quatre décennies plus tard, le fils d’agent de maîtrise et d’institutrice 
« élevé à la campagne » se donne en spectacle, pour de vrai. 
« Conférencier le jour, stand-upper
la nuit, ça me va bien ! », savoure le natif de Mouthiers-sur-Boëme. De Jean-Christian Rivet à « Jissé », 
la mue a été progressive.

« Pas assez bon pour être pilote de motocross », Jean-Christian Rivet a donc d’abord joué les gratte-
papiers dans une place forte de la République. A la capitale, puis à Poitiers, au courrier, au service informatique, à la formation, au fichier des chèques... « Mais je ne tenais pas en place ! J’étais le seul à aller voir le chef pour lui demander ce que je pouvais faire d’autre. » Faute de réponse, il est devenu son propre chef dans un domaine loin de ses bases : la création de sites Internet. Net Stratège a vu le jour en 2001, au Centre d’entreprises et d’innovation, à Chasseneuil-du-Poitou. La petite boîte existe toujours mais donne davantage dans les réseaux professionnels.

Réseauteur

« Ma philosophie, c’est de travailler avec des experts, de mettre les professionnels en relation. » Le Poitevin d’adoption, devenu Niortais par obligation après un long bail en Vendée, a « commis » un livre savamment intitulé Le bonheur est dans le réseau. Il y exalte les vertus de la mise en relation, de l’humain. 
« La vérité de la vie, elle est dans les gens que l’on rencontre, avec lesquels on fait un bout de chemin. » Face à trente personnes ou cinq cents, devant des cadres ou des décideurs, Jean-Christian Rivet ne se lasse jamais d’explorer une large palette d’émotions. Persuadé que « le rire permet de faire passer des messages », 
le père « divorcé » de trois grands enfants (32, 30 et 25 ans) n’élude pas ses « traumas ». Ce fils dépressif qui vit toujours avec lui, à 30 ans. Ou ces brimades subies dans l’enfance. Elles ont laissé des traces. « J’étais un peu le souffre-douleur. Je me suis rendu compte récemment en voyant un reportage que j’avais dû être harcelé au collège. »

« Avec mon physique, on ne s’attend à rien et on n’est pas déçu. »

Sur scène, le consultant-coach s’amuse de son décalage... de taille. Il se moque aussi 
gentiment des quinquados, de son âge ou encore des applis de rencontres qu’il fréquente. « Fan de Franjo ou de Pierre Thévenoux », Jissé ne se rêve pas en vanneur compulsif. Mais... « Sur les sites de rencontres, les hommes mettent des photos lorsqu’ils étaient jeunes et beaux. Moi, ça ne change rien ! Les femmes veulent toutes des mecs grands et sportifs. Quand je décroche un rendez-vous, il faut que je fasse oublier sa liste à celle qui est en face de moi ! » Rires garantis dans l’assistance. Autre punchline : 
« Avec mon physique, on ne 
s’attend à rien et on n’est pas déçu. » En trio d’abord, le comédien amateur, ancien de la troupe d’impro Aline & Compagnie, ne se donne pas de limite. Il prend un plaisir infini « dans l’écriture », ces mots qui font mouche autour d’une trame narrative, d’une histoire, la sienne. « J’assume mon besoin de reconnaissance, hein ! »

« Bon pote »

« Bon pote » et « fédérateur » à la ville, ce « Monsieur Tout-le-Monde » revendique son « côté terrien », pragmatique. Et tant pis pour ceux qui pourraient le trouver trop lisse, consensuel, voire procrastinateur. « Quand ça ne m’intéresse pas, je repousse les échéances », avoue-t-il sans fard. Avec le stand-up à trois et sans doute bientôt un one-man-show, le sexagénaire repousse surtout ses propres limites. Ses proches ne sont « pas surpris » de son arrivée tardive sur la scène de l’humour. « Je repose très peu mon cerveau, le spectacle est une nouvelle façon d’apprendre, d’évoluer, de prendre du plaisir et d’en donner. » Des livres aux stages, Jissé bosse son nouveau « boulot », consciencieusement. Après la Loco, le Caribou café et le théâtre BO Saint-Martin, à Paris, Jissé enchaîne les représentations avec l’enthousiasme d’un « boomer » sur le retour.

(*)Triple Comedy, samedi, à Cobalt, à Poitiers, aux côtés d’Oliv’ Monin et Béa Fornari.

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