Les animaux de compagnie, en Ehpad aussi

La loi Bien vieillir garantit le droit d’accueillir des animaux de compagnie en Ehpad, sous certaines conditions. Quand elles ne sont pas réunies, le traumatisme est réel.

Claire Brugier

Le7.info

Leurs noms sont écrits noir sur blanc sur une petite plaque à côté de la porte. Ils sont deux à partager cette chambre du rez-de-chaussée de l’Ehpad René-Crozet, à Poitiers : Philippe, 57 ans, et Echalotte, « à peu 
près », sourit le maître de la petite féline. Peu importe son âge. « Elle est depuis tout le temps avec moi. Le 14 juin, on fête nos deux anniversaires. » Philippe a d’abord emménagé seul, l’été dernier, à la suite d’une hospitalisation. Mais « c’était important qu’elle puisse venir me rejoindre. Elle s’est très bien adaptée, c’est facile de vivre avec elle », confie le quinquagénaire ravi d’avoir retrouvé Echalotte. 
« Les premiers temps ont été très compliqués, confirme la psychologue Morgane Macé. Il était inquiet de savoir son chat seul dans son appartement, même si un voisin venait le nourrir. Il avait le sentiment de ne plus endosser ses responsabilités de maître. Et puis ça le rattachait à son ancien appartement. L’arrivée d’Echalotte lui a permis de s’inscrire durablement dans l’établissement et cela a lui a aussi montré notre volonté de bien l’accueillir. »

Se sentir utile

L’Ehpad René-Crozet n’est pas un cas isolé. La loi Bien vieillir du 8 avril 2024 garantit le droit d’accueillir un animal de compagnie en Ehpad, sous certaines conditions telles que des vaccins à jour mais aussi la capacité du résident à prendre soin de son animal et la garantie qu’une personne prendra le relais si besoin. Les Ehpad du CCAS de Poitiers, comme les autres établissements privés, accueillent depuis longtemps les compagnons à poils ou à plumes. « Pour de nombreux résidents, se séparer de leur animal de compagnie constitue une perte supplémentaire. L’avoir auprès d’eux les fait s’occuper de quelqu’un d’autre, se sentir utile, note Morgane Macé. On entend souvent des phrases comme « A quoi je 
sers ? », « Pourquoi je suis là ? », « Mes enfants n’ont plus besoin de moi ». Cela rétablit quelque chose de l’ordre de l’équilibre. Et peu importe le trouble cognitif, que la personne ne trouve plus les bons mots, on est dans une relation autre qu’intellectuelle. » 
A l’Ehpad de Lusignan, Marco Paradiso le constate au quotidien depuis qu’il travaille avec Ted, un Laïka de Yokoutie (Le 7 n°617). « Le fait d’avoir dû abandonner leur chat ou leur chien a souvent créé un traumatisme chez les résidents, note l’enseignant en activité physique adaptée. On sait aujourd’hui qu’en arrivant en Ehpad la condition physique des personnes a tendance à se dégrader. La présence de Ted leur procure du plaisir, cela les motive à bouger. Il y a aussi un vrai bénéfice émotionnel. Les résidents, qui sont pris en charge de A à Z, apprécient de pouvoir s’occuper d’un animal. »


A défaut d’ateliers thérapeutiques dédiés, certains établissements accueillent des animaux pour de simples visites ou à demeure, comme les perruches de l’Ehpad Gérard-
Girault à Jaunay-Marigny ou les chats de Marguerite-Le Tillier à Poitiers.

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