Les mauvais comptes de la sécurité routière

Les autorités ont dévoilé début février le bilan de la sécurité intérieure dans la Vienne. La hausse du nombre de morts et de blessés graves sur les routes inquiète, comme la multiplication des comportements addictifs.

Trente victimes en 2024 contre 23 en 2023, déjà cinq recensées depuis le 1er janvier 2025... La Vienne n’avait plus connu une telle mortalité routière depuis 2015 (29). Si les accidents corporels (217 contre 224) et le nombre de blessés (270 contre 297) ont légèrement décru, les hospitalisations ont, elles, suivi une courbe inverse (140 contre 136). Dans le détail, 77% des victimes étaient à bord d’une voiture, 23 d’entre elles conduisaient ou étaient passagères, tandis que 6 étaient des usagers vulnérables. Dans ce bilan tragique, les seniors de plus de 
65 ans paient un lourd tribut avec 12 tués. Les feux sont donc au rouge et les autorités tirent la sonnette d’alarme.

Conduites addictives

« On se démarque du reste du territoire et le début d’année n’est pas bon... Ce n’est pas entendable », soupire le préfet de la Vienne. Il y a les chiffres bruts, mais aussi et surtout les comportements, dangereux. Dans 21% des accidents, les conduites addictives (alcool, stupéfiants) sont en cause, à égalité avec la vitesse. « Et c’est partout, en ville, à la campagne, dans le péri-urbain, insiste Serge Boulanger. On peut mettre en cause les infrastructures, il y a encore des progrès à réaliser mais l’essentiel des infractions tient aux comportements. Des blessés graves gardent des séquelles à vie et ne s’en remettent jamais. » 
Le préfet pointe également du doigt « l’usage du téléphone » dans certains accidents n’impliquant qu’un véhicule. 


« Enormément de refus d’obtempérer »

Le relâchement des comportements, le colonel de gendarmerie Philippe-Alexandre Assou l’observe au quotidien. « On note énormément de refus d’obtempérer. En 2024, à Lussac-les-Châteaux, je me souviens d’un individu qui a fait 20km en roulant comme un fou, à contre-sens sur une départementale... C’est un vrai sujet, on passe tout près du drame à chaque fois. En 2024, un dépistage sur quatre était positif. » 
Signe du fléau, les services judiciaires ont reçu l’an passé 3 361 procédures, soit 17% de plus qu’au cours des douze mois précédents. Et la main de la Justice ne tremble pas. « Il y a quelques semaines, un individu avec onze mentions à son casier est passé en comparution immédiate pour une nouvelle infraction. Il a été condamné à six mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt à l’audience », relève Cyril Lacombe, procureur de la République de Poitiers.

DR Anthony Boutin/Sdis 86