L’auto-entrepreneur

Christian Poirault, 55 ans. Dirigeant de la florissante APE Etiquettes(*), à Neuville, il ne conçoit pas la vie sans prise de risque. Son exutoire numéro 1 ? Le sport automobile.

Arnault Varanne

Le7.info

La peur de vieillir prématurément le taraude. Pourtant, Christian Poirault porte beau. Jean foncé, chemise ajustée, veste en velours noire, sourire enjôleur. Trente ans qu’il traîne ce look de jeune premier. Une façon de dire qu’il ne change pas. Aussi loin qu’il se souvienne, l’ancien étudiant des Beaux-Arts de Bordeaux ne s’est jamais travesti pour “ressembler à un autre”. Pas le genre de la maison. “Lorsque je suis allé voir le banquier en 1976 pour contracter un crédit, il m’a demandé ce que j’avais à présenter comme garanties. Je lui ai dit : « Voilà, j’ai un jean, une chemise et de la volonté. »” Il obtint son crédit auto... sans même détenir le permis.

Aujourd’hui à la tête d’APE Etiquettes, Christian Poirault ne flambe guère. Il pourrait. Après tout, il dirige la plus florissante des PME neuvilloises (135 salariés). Mais ses racines sont si proches que ce serait presque indécent. “Vous savez, je suis né à 500 mètres d’ici, à Bellefois. Ma mère était institutrice, mon père ouvrier agricole. Je sais regarder dans le rétro”, indique l’intéressé d’un ton calme et empreint de sérénité. Son seul péché mignon trône sur le parking de l’entreprise. Un “hénaurme” 4X4 rutilant de marque allemande. Ah, les bagnoles...
 

Pur bonheur

Dans sa recherche éperdue de sensations fortes, le dirigeant a désigné le sport automobile comme exutoire numéro 1. Huit “Dakar” au compteur, des joies, des peines, des amitiés fortes. La vie, en somme. Son bureau, recouvert de photos de ses “exploits” sur les terres africaines, lui rappelle à satiété ces moments de “pur bonheur”. Même son dernier Dakar argentin (2009), où il dut abandonner sur casse mécanique, ne lui a pas ôté le sourire. “J’ai vécu une belle aventure, j’étais juste déçu par rapport aux partenaires qui s’étaient engagés à mes côtés.

Qu’à cela ne tienne, Christian Poirault recommencera. Il aime par trop “relever les défis” et vivre “des aventures humaines”. Il en va de sa passion comme de son métier. Lorsqu’il prit les rênes d’APE Etiquettes en 1999, le fabricant d’étiquettes comptait 70 collaborateurs. Dix ans plus tard, l’entreprise emploie 135 salariés, possède l’un des plus importants parc machines d’Europe et cultive un véritable esprit de corps matérialisé par une... charte sourire. La patte Christian Poirault. “On passe 70% du temps au boulot. Alors, autant s’y sentir bien, se dire bonjour et sourire. Mine de rien, c’est hyper important.”

 

Sans eux, je ne suis rien

Au fil des années, l’enfant du pays a su se faire accepter, respecter de ses collaborateurs. Tous des anciens voisins, des camarades de foot ou de judo... Ceux qui le tutoyaient avant continuent de lui donner du “Christian” dans les couloirs et en dehors. “Sans eux, je ne suis rien. Une entreprise, c’est un tout. Les clients sont le carburant, les cadres représentent la transmission et les autres salariés, le moteur.” Le patron d’APE l’admet sans ambages : il aime plaire et “être apprécié” des autres. Sans doute la raison pour laquelle il a tant d’amis de milieux si différents. Au rayon sports auto, Christian Poirault entretient notamment une indéfectible amitié avec Luc Alphand. L’ancien skieur est d’ailleurs l’un des nombreux sportifs à parrainer une machine APE, la Super G évidemment. Mahyar Monshipour, Brian Joubert, Michel Hidalgo, Carole Montillet... Autant d’autres champions qui ont, de près ou de loin, associé leur nom à APE Etiquettes au cours des dernières années. Par amitié, bien sûr. Mais n’allez pas croire qu’il faille appartenir au “who’s who” pour fréquenter Christian Poirault. “Je ne fais aucune différence entre mon meilleur pote qui travaille à Neuville et Luc Alphand...” Prière de le croire sur parole.

Jean foncé, chemise ajustée, veste en velours noire, sourire enjôleur. Promis juré, il n’a pas changé. Tout juste entend- il continuer à “croquer la vie à pleines dents”. La peur de vieillir sans doute...

(*) APE Etiquettes compte une filiale en région parisienne. Il s’agit de G9 Productique, qui emploie 37 personnes.
 

À lire aussi ...