mardi 24 décembre
Patrick Bertrand, 60 ans. Dirigeant de Rannou-Métivier depuis 30 ans, ce mélomane averti passera la main en 2010 à l’occasion du 90e anniversaire de la maison des macarons et du chocolat. Heureux.
Il s’excuse de son léger retard, s’assied, puis se relève dans un même élan afin de ravitailler son hôte en chocolats maison. “Ce sera plus convivial... Et puis, je suis gourmand !”, glisse-t-il dans une première confidence. Anecdotique ? Pas vraiment.
Affable, Patrick Bertrand n’aime rien tant que se mettre à table. Au sens premier du terme s’entend. Les confidences sur le pouce, le dirigeant de la maison Rannou-Métivier s’en passerait volontiers. Mais une fois lancé, il se montre intarissable. Et évoque sans jamais se lasser la réussite de la “maison” qu’il a reçue en héritage, sa passion dévorante de la musique classique, ses référents... et son “bonheur simple”. Autant de chapitres de sa vie que l’intéressé compte refermer le plus tard possible. L’année prochaine, il quittera ses fonctions de président et directeur de production de Rannou-Métivier, une vieille dame née en 1920. Ses deux fils déjà aux commandes (Yann et Lionel), sa belle-fille (Audrey, épouse de son troisième fils, Fabrice) complètera l’équipe dirigeante en charge de perpétuer son oeuvre(*). En attendant l’échéance, Patrick Bertrand a “soif d’apprendre, de découvrir, de faire mieux.” Cette “quête de la perfection” revendiquée, le chocolatier la met au service des gourmets. Il invente sans cesse de nouvelles saveurs et expérimente le mélange d’arômes a priori incompatibles. Comme le lui a appris son premier mentor, le chocolatier caennais, Philippe Témoins. “Il y a parfois des frictions très agréables, des accords parfaits.”
En émoi
La musique, nous y voilà. Elle a bercé son enfance et continue d’enchanter son quotidien. Elle l’émeut. A 6 ans déjà, le petit Patrick se délectait du trajet à l’arrière de la 2 CV familiale direction le conservatoire de Poitiers. Pendant plusieurs années, il y apprit le piano et bien plus encore au côté d’une “professeur genevoise sévère mais juste”.Bach, Beethoven, Chopin, Mahler... Qu’importe le compositeur pourvu qu’il y ait l’ivresse.
“Quand on a la chance d’avoir la musique, je peux vous assurer que l’adolescence se passe bien mieux. On n’est jamais seuls, elle nous pousse à la réflexion, la détente.” La moindre note le met en émoi, exhale sa sensibilité. Cela ne s’explique pas. Le dirigeant entretient un rapport quasi-charnel avec cette passion dévorante à souhait. Au point de le pousser à toutes les excentricités. Il y a une quinzaine d’années, le chocolatier se rendit en catastrophe à l’opéra Bastille (Paris) afin de glaner quatre billets pour la représentation d’un Bal Masqué (Verdi), dans lequel Lucciano Pavarotti s’apprêtait à interpréter le rôle de Ricardo. “Je voulais quatre places mais, comme j’étais seul, je ne pouvais en obtenir que deux.” Ni une ni deux, Patrick Bertrand, invita un SDF à veiller une nuit durant à ses côtés afin d’obtenir deux autres sésames le lendemain à l’aube. “Je lui ai offert un repas au restaurant pour le remercier!”
Donner, recevoir
Sa deuxième “folie” s’intitule Figaro si, Figaro Là ! Une association dont l’objectif consiste à promouvoir l’opéra “de qualité” en milieu rural. Dix ans que ça dure. Une décennie à trimbaler dans la Vienne un chapiteau de 300 places, une troupe de jeunes solistes professionnels, un orchestre au diapason et des bénévoles passionnés. “Après la trilogie de Séville, nous jouerons La Flûte enchantée en 2010. il y aura au moins neuf représentations.” En 2008, Eve Ruggieri avait accepté d’être la marraine de l’association. Un gage de qualité. Mais n’allez pas croire que Figaro si, Figaro Là ! constitue la danseuse du patron. Plus que son bon plaisir, Patrick Bertrand cherche avant tout à “promouvoir de jeunes artistes”. “Dans ma vie, j’ai beaucoup reçu, j’aspire à donner autant”, avoue l’intéressé. Tantôt Don Quichotte en pourfendeur du mauvais goût, tantôt Rastignac en chef d’entreprise conquérant, l’ancien disciple du petit séminaire de Montmorillon trace son sillon sans se poser (trop) de questions et avec une gourmandise intacte.
(*) En 30 ans, sous sa direction, la maison Rannou-Métivier est passée d’une dizaine de collaborateurs à près de 50 aujourd’hui. Une maison qui compte désormais un magasin à Montmorillon, deux à Poitiers et autant à Châtellerault.
À lire aussi ...
mardi 24 décembre
Le Père Noël autorisé à survoler Buxerolles
lundi 23 décembre