mardi 24 décembre
Hubert Dujardin, 66 ans, président du Toit du Monde. Avec humanité et en toute discrétion, cet ancien haut fonctionnaire trace son sillon sans bruit dans le milieu associatif. Portrait.
Dans la famille Dujardin, je voudrais… le père ! Hubert de son prénom. Depuis quelques mois, son fils, Benoît, lui “pique” volontiers la vedette au travers de sa série de documentaires sur la vie du PB 86. Rien que la semaine dernière, le communicant de la balle orange faisait la “Une” du 7. Pas de quoi chagriner le patriarche, qui préfère “l’action à l’expression”. “Mes enfants (5 au total), j’en suis fier. Ils sont super…”, glisse l’intéressé dans un élan de spontanéité.
Sur sa vie privée, Hubert Dujardin s’attarde peu. Tout juste consent-il à évoquer le décès de la mère de ses enfants, Marie-Anne(*), “le 4 décembre 1999”. Un épisode douloureux qu’il a surmonté “grâce à (s)es proches et au Toit du Monde”. “Mes proches m’invitaient régulièrement à dîner. Quant au Toit du Monde, il m’a obligé à sortir de chez moi.” Depuis, Hubert s’est reconstruit, mais il conserve un indéfectible attachement à cette association poitevine dont la (noble) mission vise à favoriser le rapprochement entre Français et étrangers. Même s’il reconnaît volontiers vouloir “passer la main” -“certains pensent peut-être que je suis peut-être usé !”-, Hubert Dujardin ne laissera jamais le paquebot à l’abandon. Pas le genre de la maison.
Ouverture et retenue
Et puis surtout, à l’heure du ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration, des tests ADN, de la stigmatisation des étrangers, monsieur-le-président se veut combatif. Il livre au passage sa petite musique sur ce thème ô combien sensible. “Quand je vois qu’on veut fermer la jungle de Calais, je me dis : « Mais où vont aller ces gens ? » N’est-ce pas une manière de déplacer le problème ? On cherche aujourd’hui à titiller la partie la plus vive de chacun d’entre nous. C’est regrettable.” Hauteur de vue, ouverture et retenue. Voilà ce qui caractérise aujourd’hui ce sexagénaire au parcours étonnant et méconnu.
Avant de verser dans le milieu associatif à la cinquantaine, ce fils de conseiller juridique d’une famille du nord de la France a vécu mille vies et éprouvé ses paradoxes au révélateur du temps. Comment expliquer, sinon, que ce général de l’armée de l’air en retraite ait pu s’impliquer dans des programmes militaires dédiés à l’export. “Au départ, j’ai accompli un rêve de gosse en devenant pilote de chasse. Puis, en tant qu’ingénieur (Ndlr : Hubert Dujardin est passé par Suparéo), j’ai été amené à travailler sur des programmes d’armement pour le compte du ministère de la Défense. Des armements exportés vers des pays comme la Lybie, l’Irak de Sadam Hussein. Cela pose forcément des cas de conscience.”
La politique, non merci !
Des cas de conscience que ce catholique assumé a tôt fait de balayer au début des années 80. L’Etat crée sur le territoire des Secrétariats généraux pour les affaires régionales (Sgar) et lui saute sur l’occasion. Pendant 12 ans, il va “servir l’Etat” et “s’occuper des grands dossiers structurants”. Un long bail au cours duquel Hubert Dujardin a côtoyé des personnalités politiques de divers horizons. L’occasion de casser sa “vision caricaturale” d’un clivage droite- gauche gravé dans le marbre.
“Sur les projets, les gens se retrouvent…” N’allez pas croire que le haut fonctionnaire a, ne serait-ce qu’un instant, caressé l’espoir d’une carrière politique. Tout juste se contente-t-il, depuis tant d’années, de se “mettre au service des autres”. En toute discrétion et sans état d’âme.
(*) Marie-Anne Dujardin était alors conseillère municipale en charge de la petite enfance dans l’équipe municipale de Jacques Santrot.
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