Dans l’enfer du Covid long

Anaïs, Elsa, Gwen et Guillaume souffrent depuis plusieurs années des conséquences du Covid avec des symptômes qui les handicapent au quotidien. Entre espoir et amertume, les quatre Poitevins vivent désormais au ralenti.

Arnault Varanne

Le7.info

« Comment je vais ? C’est simple, je suis alitée 
20 heures sur 24, je prends une douche par semaine. En 2022, je marchais entre 4 et 5km par jour, aujourd’hui quand je vais au bout de la rue je suis contente... » Terminés les séries télé, la lecture prolongée ou encore les petits plaisirs culinaires. Le Covid long lui a tout pris. Cinq ans d’une vie au ralenti, rythmée par une fatigue chronique et des problèmes gastriques la contraignant à « un régime alimentaire très restreint ». Ainsi (sur)vit Anaïs, une Poitevine infectée dès le printemps 2020 par le Coronavirus. Son compagnon Guillaume, touché au même moment, va « un peu mieux », 
ce qui lui permet d’« assurer des petits boulots de montage de films ». « Disons que j’ai un peu plus d’énergie, mais je suis toujours gêné par des problèmes d’intestin qui font que je ne peux pas m’asseoir longtemps. Je ressens parfois beaucoup de fatigue et j’ai des nuits très compliquées. »

« Le Covid, je vis 
avec depuis cinq ans »

Sur l’échelle du supplice, Gwen n’est pas loin de la note maximale. Son « cinquième Covid en juin 2024 » a entraîné une péricardite, avec une récidive en janvier 2025. La mère de famille souffre du cœur mais aussi de pathologies respiratoires, neurologiques... « Mon corps en a marre, clairement. Je suis très fatiguée, j’ai des troubles de la mémoire avec des séances d’orthophonie et de la kiné respiratoire à vie. Il y a des moments où je ne vois plus rien du tout. Je suis en permanence rappelée à l’ordre par ce qu’il s’est passé. Le Covid, je vis avec depuis cinq ans. » Elsa, la quarantaine, évoque de son côté « une qualité de vie extrêmement basse », liée à « une grande fatigue permanente ». 
« Au début (2020, ndlr), j’ai eu de gros problèmes vestibulaires, digestifs, cognitifs, avant une nouvelle réinfection en 2022. Ça a empiré. Je suis touchée à tous les étages. » 


« On est beaucoup 
à avoir pensé au suicide »

Anaïs, Guillaume, Gwen et Elsa partagent bien plus que le fardeau du Covid long dans leur chair. « On est beaucoup à avoir pensé au suicide », soupire Anaïs. Cinq ans après le déclenchement de l’épidémie, les quatre Poitevins ont aussi en commun une vraie détresse et un sentiment d’incompréhension, notamment de la part du corps médical. « Moi, j’ai fait beaucoup de kilomètres, je suis allée au service de médecine interne du CHU d’Angers. Mais la personne part à la retraite. Je vais devoir trouver quelqu’un d’autre pour mon suivi. »« Sur mes comptes-rendus de spécialistes, il est mentionné « suites de Covid long », témoigne Gwen, mais il n’y a toujours pas de reconnaissance (la notion d’affection de longue durée n’existe pas, ndlr). Je viens de déposer un dossier à la Maison départementale des personnes handicapées. On verra bien. En attendant, je continue à travailler, je cumule deux emplois pour subvenir aux besoins de ma famille. » 
Au-delà, cette dernière exhorte les pouvoirs publics à être plus volontaristes dans la recherche de solutions. 
« Le Pr Dominique Salmon-Céron (infectiologue à l'Hôtel-Dieu à Paris, ndlr), qui est la spécialiste en France, dit qu’on peut diagnostiquer le Covid long, même s’il y a plus de deux cents symptômes, prolonge Anaïs. Les études les plus sérieuses parlent de persistance virale. Il faut donc des études, des tests pour trouver des traitements antiviraux. »

Combien de Covid long ?
Selon le ministère de la Santé, environ 2 millions de personnes souffriraient en France d’un ou de plusieurs symptômes du Covid long, dont 10% de formes sévères. L’adoption d’une loi de janvier 2022 visant à « créer une plateforme de référencement et de prise en charge des malades chroniques de la Covid-19 » est restée sans effet. Et pour cause, les décrets d’application ne sont jamais parus.

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