Le Regard de la semaine est signé Hélène Pasgrimaud.
Une étape de vie comme devenir parent, éduquer son adolescent, traverser la ménopause. Difficile de dire ce que cela représente pour chacun de voir ses enfants partir, grandir, s’envoler vers leur indépendance. Cette année, c’est mon tour :
18 ans déjà, le temps a filé si vite. Notre fille est partie faire ses études à Paris. Selon la définition, le syndrome du nid vide est « un sentiment de tristesse et de solitude que ressentent les parents lorsque les enfants quittent la maison pour la première fois. Il est fréquent et peut entraîner une perte de motivation, voire une dépression ».
Personnellement, face aux remarques de mon entourage et à ma grande émotivité, je pensais ce cap difficile. Notre fille est un rayon de soleil, pleine de vie, qui aurait dû laisser un vide immense. Et pourtant, la vie impose parfois des étapes facilitantes, auxquelles il faut être attentif.
Un premier travail d’été, par exemple, peut être une opportunité pour l’enfant d’apprendre l’autonomie. Cela permet une douce transition pour redécouvrir des moments en couple et prévoir des vacances d’été inédites. Prendre quelques jours pour accompagner son enfant dans cette nouvelle étape et constater qu’elle se sent à sa place, dans la bonne école, et la bonne ville. On apprend à se décentrer de son manque, pour constater pleinement son bonheur à elle. Les semaines et les mois passent, elle s’épanouit. Sa réussite scolaire me rend fière, mais pas autant que de savoir qu’elle prend le temps de cuisiner des produits frais, qu’elle gère son budget, fait du sport, sort et entretient une vie sociale qui l’épanouit pleinement.
Ainsi, j’ai réappris à profiter de cette étape de vie et à observer ce qu’elle m’apporte. Elle apprend à apprécier tellement plus de moments en couple qui font un bien immense, autant qu’à trois ou seul. Enfin, elle m’apprend à savourer le bonheur, en ces soirées grises d’hiver. Ici, en périphérie de Poitiers, au coin d’un feu, une galette des rois maison, notre fille est revenue passer le week-end. Elle a 18 ans et garde toute son âme d’enfant. « Tu as mis combien de fèves dans la galette maman ? Trois, évidemment ! ».
Alors on constate que le bonheur se savoure avec tellement plus d’intensité que l'éloignement redonne toute sa force à l’instant présent partagé avec les siens. Et vous, le nid vide a-t-il influé votre rapport au temps ? Vous a-t-il permis de réapprendre à mieux savourer chaque instant ?
CV express
Après des études à l’IAE de Poitiers, mon parcours dans le conseil puis l’industrie m’a amenée à devenir entrepreneure et déléguée générale de la Fondation territoriale de la Vienne. Face au dérèglement climatique, je crois fermement à la coopération territoriale. Pacsée depuis vingt-cinq ans et maman d’une fille qui a déjà 18 ans, je m’applique au quotidien pour qu’elle reste fière de son Poitou natal, malgré son départ pour la grande capitale !
J’aime : les randonnées en famille, cuisiner, les repas entre amis/en famille, le cinéma, le théâtre, les gens sincères, les âmes sensibles, l’altruisme car tout ne se monnaie pas.
J’aime pas : le racisme, le climatoscepticisme, les week-ends surchargés sans place pour l’imprévu.