Formations et besoins : la juste équation

Ces dernières années, l’université de Poitiers a ouvert de nouvelles formations dans des domaines très divers afin de répondre aux besoins, du territoire et au-delà.

Claire Brugier

Le7.info

L’université, déconnectée de la réalité ? C’était avant. Pour preuve, à Poitiers, de nouvelles formations voient le jour chaque année -ou presque- pour répondre à la demande, qu’elle concerne des métiers « anciens » en tension ou de « nouveaux » en pleine évolution. Le DU Métiers administratifs territoriaux en milieu rural entre dans la première catégorie. Créé en 2023, « il répond à un besoin identifié par tous les acteurs du territoire, notamment les maires des petites communes qui font face à une pénurie de secrétaires de mairie », confirme Pierre-Charles Pupion, le directeur de l’Institut de préparation à l’administration générale (Ipag). Portée par les Centres de gestion de la Vienne et des Deux-Sèvres, la formation d’un an (200 heures de cours, 12 semaines de stage) a affiché dès la première année un taux d’insertion de plus de 84%. « Le DU est axé sur la polyvalence et la complexité du métier, qui impose des compétences en urbanisme, foncier, gestion, affaires scolaires, ordre public et police administrative, état civil, élections… Il a été co-construit dans un but professionnalisant avec les associations des maires et les centres de gestion de la Vienne et des Deux-Sèvres. » Et si les effectifs sont à plus de 90% féminins, ils sont aussi essentiellement locaux. « Ce sont des personnes qui viennent des territoires et qui se forment pour s’y intégrer. »
Qui sait, les ingénieurs qui sortiront du parcours Hydrogène (bac +4 et +5) ouvert en 2022 entreront-ils peut-être aussi un jour dans les effectifs du consortium Lhyfe et TSE, porteur d’un projet de « parc industriel écologique » à Ingrandes. 

Eco-systèmes

« Le parcours H2 s’inscrit dans un maillage existant », confirme Anthony Thomas, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers (Ensip). Un maillage fait de laboratoires comme Pprime ou ceux de l’IC2MP à Poitiers, d’entreprises (Césame Exadébit à Biard, Nexeya à la Couronne, Pragma Industries à Biarritz…), de réseaux tels que France Hydrogène ou S2e2… « A ce jour, 95% de l’hydrogène est produit grâce à des énergies fossiles, l’enjeu est de le produire de façon décarbonée. » Et de le stocker, par électrolyse de l’eau ou pile à combustible.
Ouvert en 2024 dans un tout autre domaine, le parcours Management du jeu et des pratiques ludiques répond également à une demande large, même si Grand Poitiers et son plan « Dynamique jeu » constituent un terreau favorable, avec la présence d’acteurs tels que le studio Libellud, de rendez-vous tels que la Gamers Assembly, la proximité du Flip de Parthenay... « Nous avons perçu un besoin de formation et une absence de réponse nationale », 
note Eric Lambert, du Cerca, co-responsable du parcours avec Anne Krupicka, du Cerege (Centre de recherche en gestion). Là aussi, la maquette de la formation, interdisciplinaire, mêlant pour la bonne cause sciences de gestion et sciences humaines et basée sur une pédagogie par projet (environ 250 heures), a été co-construite. « Le référentiel de compétences tient compte de nos échanges avec des studios de jeux de société et vidéo, la fédération des professionnels du jeu vidéo... », précise Anne Krupicka. « Le jeu est un univers mouvant », complète Eric Lambert. La formation est donc vouée à évoluer, et de nouvelles à naître encore, dans d’autres domaines, pour répondre à d’autres besoins.

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