Samuel Boutin, stratège hors catégorie

Samuel Boutin. 48 ans. Cadre au Centre national d’enseignement à distance. Entraîneur de volley. Joueur et stratège dans l’âme. A crevé l’écran dans l’émission Tout le monde veut prendre sa place, sur France 2. S’est essayé au métier d’agent de joueurs. Signe particulier : très perfectionniste.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans son environnement professionnel, on l’appelle 
« Jean-Michel Apeupré », du nom d’un personnage inventé par Kad Merad. Une façon taquine de souligner ses quelques approximations sur les chiffres et les prénoms. Samuel Boutin le dit avec une sincérité désarmante, il n’a « pas de mémoire ».« Je ne retiens que les anecdotes et ce que les gens aiment ! » Pour le reste, le responsable du service support du centre de relation client du Cned « vérifie les choses », une fois, dix fois jusqu’à les retenir. Au palmarès du jeu télévisé de France 2 Tout le monde veut prendre sa place, le diplômé en marketing figure pourtant au dix-neuvième rang en termes de longévité : 74 victoires entre avril et août 2021, avec 63 000€ de gains à la clé et quelques voyages « très agréables » en sus. L’ex-contrôleur de la performance sera à nouveau à l’écran « le 24 ou le 25 décembre » pour une émission spéciale. Il a aussi passé le casting des 12 Coups de midi, participé au Quiz des champions, tenté Questions pour un champion... Bref, le père de deux enfants (Cléa, 11 ans, et Clarence, 
7 ans) a le gène de la compétition en lui.

Fils obéissant

De ses escapades parisiennes, il retient « l’aventure humaine »,« les rencontres », en résumé 
« tout ce que les gens ne voient pas à la télé ». La médaille a pourtant son revers, une critique sur les réseaux sociaux au sujet de ses enfants l’a particulièrement « touché ». Lui « l’anxieux » 
assumé a moyennement goûté qu’on lui reproche sa proximité avec eux sur le plateau. « La télé, c’est à double tranchant, cela peut être aussi formidable que destructeur. » Samuel a tourné la page des « haters », concentré sur de nouveaux défis en permanence. Le « stratège » 
à l’amour immodéré pour le sport et l’histoire mène de front une foultitude de projets. « J’ai créé une appli pour que les entraîneurs du club puissent saisir leurs statistiques, je planche sur une chanson avec un clip... », 
avance l’exigeant coach de l’équipe première féminine du CEP Saint-Benoît. Et puis il y a son ambition de travailler dans le trading sportif, autrement dit les cotes des paris sportifs. « Un peu comme miser à la bourse sur des valeurs, éclaire-t-il. J’avais déjà élaboré une première stratégie mais je me suis fait virer par Unibet ! »


« Faites ce que vous voulez mais faites-le bien. »

Samuel Boutin est un fils obéissant. Son père professeur d’histoire spécialiste de la Guadeloupe, lui aussi « très exigeant », 
a toujours dit à ses trois garçons « Faites ce que vous voulez mais faites-le bien ». 
Le cadet de fratrie a retenu la leçon, décelant même par personnes interposées de la fierté paternelle au faîte de sa gloire télévisée. Lui qui se rêvait en 
« André Agassi » a vu son enfance bercée par les exploits de Noah, Lecomte et Ronald Agénor. Il s’est également essayé au foot comme gardien, puis au tennis de table. « Je n’étais pas trop mauvais ! » La famille Boutin a ensuite déménagé vers la Guadeloupe pour des raisons professionnelles. Sept ans d’une vie « très agréable » à Trois-Rivières. Mais sa passion du sport ne s’est pas évaporée sous le soleil des Antilles. Samuel a repris l’avion direction Poitiers à l’issue de son bac. Un pote étudiant en fac d’économie l’a initié au volley, à Loudun, en lui disant cash : 
« Tu es noir, tu dois sauter haut ». 
Avec du recul, il n’en veut pas à son copain de l’époque de ce raccourci douteux. Le racisme ? Il en a été victime une ou deux fois -« pour un changement d’appartement notamment »-, mais évacue vite la question. « J’ai eu le temps de relativiser, quand on s’appelle Boutin à l’école... J’essaie juste aujourd’hui d’être vigilant par rapport à mes enfants. »


« L’essentiel à mes yeux »

Ses enfants, justement, lui ont emboîté le pas dans le sport, ils sont « prometteurs » au basket. Leur père affiche un léger rictus. Puis embraie : « Ils ont surtout de la bienveillance et s’intéressent aux autres. C’est l’essentiel à mes yeux. » Dans un monde idéal, Samuel aurait adoré devenir agent de joueurs et joueuses de volley. Il a même monté son agence, « en 2007 ou 2008 je ne me souviens plus ». Hélas, S. Team a capoté. Trop tôt dans un sport pas encore à maturité. C’était bien avant l’épopée des Bleus doubles champions olympiques sur les ailes de la superstar Earvin Ngapeth... que le coach et ancien président du CEP Saint-Benoît a côtoyée à ses débuts. Avec le temps, le « jusqu’au-boutiniste » a appris (un peu) à tempérer ses ardeurs face à la défaite. « Disons que je suis moins mauvais joueur... », prolonge le fan de science-fiction version Cycle de Fondation d’Asimov. Reste, dans la réalité, cet esprit de compétition rare. Sur un terrain comme à la ville, « Jean-Michel Apeupré » ne fait rien à moitié.

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