Jonathan Jeanne : « Je ne veux pas me brûler les ailes »

L’intérieur du PB86 Jonathan Jeanne (2,16m, 27 ans) réalise un début de saison canon. Il a même été retenu pour être partenaire d’entraînement de l’équipe de France. Une résurrection que « Jo » met sur le compte de sa foi indéfectible en Dieu.

Arnault Varanne

Le7.info

Comment jugez-vous le début de saison de l’équipe ?
« Avec des hauts et des bas. Quand je repense au premier déplacement à Caen (défaite 95-91 après prolongation, ndlr), cela a été une énorme déception parce qu’on avait le match en main. On a aussi fait de bonnes choses, le tout dans un contexte où nous avons eu des malades, des blessés... Ça fait partie d’une saison, il faut toujours regarder devant et avancer. »

A titre personnel, vous avez longtemps été le meilleur joueur de Pro B à l’évaluation...

« Cette année, j’ai un peu plus de temps de jeu et donc l’occasion de montrer davantage de choses. J’ai travaillé cet été pour me retrouver dans cette situation. Mais je ne regarde pas trop les statistiques individuelles. Si je suis le meilleur à l’évaluation et qu’on ne gagne pas un match, ça ne voudra pas dire grand-chose... Il y a quatre ans, je ne pouvais pas jouer en France(1), il y a trois ans je jouais en N1. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, je peux rejouer. Mon parcours marque forcément les esprits. »

« J’ai vu cela comme un signe de Dieu »

Vous avez prolongé deux saisons à Poitiers alors que vous étiez pisté par plusieurs clubs de Betclic Elite. Pour quelles raisons ?
« Je me plais énormément ici, le club m’a très bien accueilli, même si j’ai vécu des moments assez difficiles avec une blessure dans ma première année de contrat. Ma famille et moi sommes bien installés, mon petit (2 ans et demi, ndlr) a fait ses débuts ici. Les décisions, après ce que j’ai traversé, je les prends avec plus de recul. Mon équilibre passe par cela. Si j’avais été plus jeune, peut-être que je serais parti... »

Vous avez été retenu pour être partenaire d'entraînement de l’équipe de France(2). Quelle a été votre réaction à chaud ?
« Nous partions à Denain -le 17 octobre- avec l’équipe et je l’ai appris dans le bus par Guillaume (Eyango). Je ne le savais pas ! C’est la dernière chose à laquelle je m’attendais. J’ai évidemment ressenti beaucoup de joie, de reconnaissance, par rapport à tout ce qui m’est arrivé. J’ai vu cela comme un signe de Dieu. J’ai pu lui faire confiance, il me montre et m’a montré qu’il était toujours à mes côtés. Les épreuves que j’ai traversées font l’homme et le joueur que je suis aujourd’hui. On vit dans un monde dans lequel les gens sont tristes, désespèrent, mais il y a de l’espoir. Mon histoire en est la preuve. »

La religion occupe une grande place dans votre vie. C’est rare qu’un sportif de haut niveau s’ouvre autant sur un tel sujet...
« La religion, c’est l’essence de ma deuxième vie. Avant, je n’avais pas de repères. Ça ne se résume pas à aller à l’église. Peu importe le domaine de ma vie, la foi est omniprésente. C’est une relation de père à fils. Je remercie au passage Giovane Oniangue, qui m’avait envoyé un message après ce qui m’est arrivé. Je le remercie énormément, sans lui je ne sais pas où j’en serais... »


A quoi rêvez-vous aujourd’hui pour la suite de votre carrière ?
« J’aspire au plus haut niveau mais je sais aujourd’hui qu’à 27 ans, il faut prendre les choses étape par étape. Je ne veux pas me brûler les ailes, j’aspire d’abord à faire une bonne deuxième partie de saison avec le PB86. »

(1) En 2017, des médecins lui ont diagnostiqué le syndrome de Marfan (anomalie cardiaque). Pendant quatre ans, il n’a pas pu jouer en France, avant que de nouveaux diagnostics plus poussés invalident finalement le premier.
(2) Les Bleus seront réunis du 18 au 20 novembre à Nanterre, avant de disputer un match de qualification à l’Euro 2025 le 21 novembre à Nicosie. Ils recevront Chypre trois jours plus tard à l’Arena Futuroscope.

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