L’autre culture de la Mission locale

La Mission locale d’insertion du Poitou ne se cantonne pas au seul accompagnement vers l’insertion professionnelle des jeunes entre 16 et 25 ans. Diversifiant les approches, elle développe aussi un volet culturel méconnu.

Claire Brugier

Le7.info

Depuis leur création en 1982, à la suite du rapport de Bertrand Schwartz, les Missions locales accompagnent les jeunes âgés de 16 à 25 ans dans les domaines de la formation et de l’emploi mais aussi dans l’accès à la santé, au logement et à la culture. « Un accompagnement global », résume Dominique Comon. Conseillère en insertion sociale et professionnelle à la Mission locale d’insertion du Poitou (MLIP), elle en est aussi devenue la « référente culture » sans jamais perdre de vue cette phrase de Bertrand Schwartz collée derrière son bureau : 
« Rien ne se fera sans les jeunes. Toute politique ne peut être entreprise et menée à bien qu’avec ceux à qui elle s’adresse (…). » Faire pour et avec les jeunes donc, en faveur de leur avenir professionnel mais pas uniquement. Ainsi la MLIP organise-t-elle chaque année sa propre fête de la musique. « Les jeunes ont des compétences autres que celles liées à 
leur insertion professionnelle », 
assène Dominique Comon. En juin dernier, neuf d’entre eux ont sauté le pas, dans le jardin de la Mission locale où, comme chaque année, une scène digne d’un festival avait été installée avec le soutien logistique de la Ville. « Pour la grande majorité, c’est une première ! Il n’y a aucune sélection, c’est leur tremplin. Cette année, nous avons eu de la guitare, du chant indien, du rap, de la danse africaine, un spectacle de drag… Cela surprend aussi les conseillers de voir leurs jeunes sous un autre aspect. »

Créer du lien

Depuis 2021 également, et une première au château d’Avanton, la MLIP accueille trois expositions par an, au printemps, en juin et à l’automne. Peinture, dessin, aquarelle, crochet… Là encore, pas de restriction -en dehors de questions pratiques- et pour chaque exposition l’édition de documents de présentation et un vernissage en bonne et due forme. Natacha David était en Contrat d’engagement jeune quand elle a exposé pour la première fois ses œuvres de papier artisanal dans le couloir de la MLIP. 
« J’ai commencé à découvrir le milieu culturel de Poitiers par ce biais. Cela m’a aussi permis d’exposer mes plus grandes pièces, qui font pour certaines 2x3m, raconte la jeune femme, désormais aux manettes du projet depuis… la Haute-Savoie. Cela me tient à cœur de mettre la culture au cœur d’une action sociale comme celle-là. J’ai vu arriver des jeunes très timides au début, qui n’osaient pas. A travers ce projet, on essaie de faire en sorte qu’ils se sentent légitimes, car le milieu artistique fait parfois peur, il est peu accessible. Personnellement, ce ne sont pas mes diplômes d’art qui m’ont ouvert les portes à Poitiers, mais le fait de développer mes propres opportunités. » 
Sans oublier l’aspect collectif. « On casse l’isolement social, on crée du lien, les jeunes partagent leurs contacts. » Et, au-delà, « ceux que nous suivons ont souvent un problème de confiance en eux, ça les valorise, reprend Dominique Comon. C’est une façon de leur dire : ce que tu as fait là, tu peux le faire ailleurs. »


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