Philippe Lellouche : « L’époque actuelle, 
c’est le multivers ! »

Acteur, réalisateur, metteur en scène, chanteur... Philippe Lellouche ajoute une nouvelle corde à son arc avec l’humour. Il présente dimanche son premier one-man-show Stand alone, à l’Espace Republic Corner, à Poitiers.

Arnault Varanne

Le7.info

Pourquoi vous lancer dans le stand-up, vous mettre en danger d’une certaine manière ?
« D’habitude, quand j’écris pour le théâtre, je pense à un sujet qui m’attriste ou qui m’agace, je le tords dans tous les sens et j’y ajoute quatre à cinq personnages. Là, j’ai tellement de sujets qu’il aurait fallu au moins 2 500 pièces ! J’avais envie de me plonger dans mon enfance. Quand on a grandi comme moi dans les années 70-80, l’époque actuelle c’est le multivers à côté ! Faire la comparaison m’a paru très drôle. Mais je suis le premier à me moquer de moi-même. J’aime bien cette citation de Paul Valéry : « Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent. »
Quand on va chercher intimement les choses, on parle à tout le monde. »

Vous dites vous-même que vous êtes un grand nostalgique. C’était mieux avant, vraiment ?
« Il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt, c’est sûr ! Dans le spectacle, par exemple, je fais revivre le slow. Si vous trouvez le type qui a décidé d’arrêter le slow, qui donnait la possibilité de tomber amoureux en trois minutes et de s’envoyer des cartes postales à 15 ans, je suis preneur ! (rire) J’ai du mal à penser que Tinder soit plus sympa... A l’époque, nous avions tous la même culture avec trois chaînes de télé. »

Vous jouez Stand alone depuis octobre 2023. Comment le spectacle est-il accueilli ?
« Je pensais sincèrement avoir écrit un spectacle pour vieux, mais plein de jeunes viennent me voir et se marrent. Tous les ados connaissent aujourd’hui par cœur les chansons des années 80. En résumé, ce n’est pas un one-man-show de vieux réac. Je m’amuse juste à dénoncer quelques absurdités. »

Quelle est la différence majeure entre la scène du théâtre et celle du one-man-show ?
« C’est très étrange d’être face aux spectateurs, alors qu’au théâtre il y a ce qu’on appelle le quatrième mur, c’est presque un crime de lèse-majesté de regarder les spectateurs dans les yeux. Là, on joue avec le public, qui est à la fois le metteur en scène et votre partenaire. Je comprends pourquoi tous mes camarades très demandés au cinéma n’ont qu’une envie, c’est de retrouver la scène. C’est une drogue dure ! Quand vous recevez des kilos d’amour, vous avez envie d’y retourner. Je kiffe vraiment. »

Votre frère Gilles a-t-il aimé ?
« Je crois qu’il a ri, oui. Ou alors c’est un très bon acteur ! »

Vous avez pris la parole récemment pour dénoncer la montée de l'antisémitisme en France. S'impliquer dans les questions sociétales en étant artiste, est-ce compatible ?
« Je me suis toujours refusé à aller sur le terrain politique. Mon discours n’est pas politique mais humaniste. Je suis tout sauf un va-t-en-guerre. »

Stand alone, de Philippe Lellouche, à l’Espace Republic Corner (Poitiers), dimanche, à 18h30. Billetterie sur republic-corner.fr. 

Crédit photo Arthur Unglik

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