Hier
Noël avant l’heure à l’Arena
A l’issue d’un match très serré, le PB86 a fini par l’emporter face à Pau à l’Arena Futuroscope (77-72). De bon augure avant de clore l’année à Orléans vendredi prochain.
Il n’est « pas un héros », tout juste un héraut. Il ne se définit pas comme un écrivain, plutôt comme « l’auteur de ses deux livres » ! Gérard Chevalier aime les mots et abhorre les maux. CQDF. Il mêle donc fiction et réalité dans son dernier ouvrage : Blessures fécondes(*). Un titre en forme d’oxymore et un livre ouvert sur la vie de personnages aux trajectoires cabossées -abandonnés ou abusés-, parfois, à l’humanité sincère, toujours. A travers Catou, Jules, Avrile, Marco ou encore Seucatine, le Poitevin rend hommage à « tous ceux qu' [il a] croisés, avec lesquels [il] marché et qui ont donné du sens à [sa] vie ». Oui, de la noirceur peut jaillir la lumière, le statu quo n’est pas inéluctable. Naître, renaître, aimer, grandir, parler. Blessures fécondes tient en cinq verbes, autant de promesses de lendemains meilleurs et d’une forme de « résilience ».
Enfant de la ruralité
Parce qu’il arrive « à un âge où [il] peut commencer à [se] retourner sur [son] passé », Gérard Chevalier ne se prive pas. Libéré des contingences professionnelles, il a d’abord dépeint dans Mes filles, il faut que je vous raconte la vie d’un village du Sud-Vienne au milieu des années 50. Comme une envie irrépressible de rendre hommage à ses racines familiales. Issu d’un milieu modeste, le fils de facteur et d’épicière a grandi à Moussac-sur-Vienne. Et paradoxalement, en dépit d’une « enfance très heureuse », il a d’abord voulu « quitter ce village trop petit et étouffant où le regard des autres est pesant ». Mais il y est très vite revenu. « A chaque fois que j’avais besoin de me vider la tête, j’allais sur les chemins de mon enfance... »
Tel un hussard de la République, Gérard Chevalier s’est accompli tout au long d’une carrière en trois tiers : douze ans comme enseignant spécialisé à l’IME Pierre-Garnier, autant d’années à la Pierre-Levée auprès des détenus et la dernière quinzaine dans la peau du passeur de savoir-faire, conseiller pédagogique dans le jargon de l’Education nationale. Puis du jour au lendemain, rien. « Si j’avais pu continuer à travailler, je l’aurais fait ! A la retraite, ton agenda est vierge, la boîte mail est vide le matin, tu ne reçois plus un seul coup de fil de la journée... » Bref, c’est la chienlit, au moins pour ce « vieux » militant de l’éducation populaire, moniteur et directeur de colonies de vacances dans ses primes années, aujourd’hui vice-président de l'Association des pupilles de l'enseignement public (Apep). Ses engagements associatifs se cumulent avec un job de correspondant de presse pour La Nouvelle République-Centre Presse. Question d’équilibre.
Né sous le signe de la balance, Gérard aime « que le plateau soit équilibré ». Il avait un temps hésité à embrasser une carrière d’avocat. Il ne regrette rien, parle de « chance » dans son parcours, mais jette quand même un regard désappointé sur le temps qui passe et, surtout, l’évolution de la société. C’était mieux avant ? « Disons que les parents étaient moins en difficulté. Et aujourd’hui les outils technologiques retirent de l’authenticité aux relations humaines », répond le père de deux filles (48 et 36 ans) et grand-père de bientôt trois petits-enfants.
« L’humanité fait loi »
Ah, les relations humaines... L’auteur s’en nourrit encore au quotidien, son passage par la case prison lui a apporté une « vraie joie ». « Je suis arrivé au moment où Robert Badinter était ministre de la Justice, c’est une époque où les prisons sont sorties de ce monde carcéral vieillot pour entrer dans une nouvelle ère. Derrière les barreaux, vous rencontrez des crapules et des gens bien, c’est une mini-société qui apprend l’humilité, la tolérance... et aussi un peu la méfiance ! » L’ex-enseignant en est sorti parce qu’il ne voulait « pas ressembler aux murs ». Aigri ? Jamais ! Mais « parfois un peu psychorigide », il en convient aisément. On ne transige pas avec ses valeurs chez les Chevalier où « l’humanité fait loi ». Son dernier coup de cœur cinématographique s’appelle Un p’tit truc en plus, le long-métrage à succès d’Artus. « Les personnes handicapées y jouent un vrai rôle, Artus a su en tirer le meilleur, c’est remarquable ! »
Ce « grand nostalgique » regarde paradoxalement vers l’avenir avec un certain optimisme. D’abord parce que sa famille le rend « heureux ». Ensuite parce que son activité de correspondant de presse lui permet de rencontrer « de belles personnes ». Enfin parce que l’écriture lui procure un plaisir infini. Entre réalité et fiction. Et avec une certaine (h)auteur de vue, toujours.
(*)Blessures fécondes, aux éditions Vérone - 203 pages - 19€.
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