Aujourd'hui
Le menu de Sébastien Boireau
Chef du restaurant gastronomique Papilles, à Poitiers, Sébastien Boireau vous propose un repas de fête réussi pour tous les porte-monnaie.
Jeudi dernier, 10h, quartier du Lac, à Châtellerault. Sophie Richer sonne à la porte de Claudette Boyer, 82 ans. La retraitée a appelé l’opticienne trois jours avant. « J’ai vu l’annonce dans le journal. Je ne peux plus porter mes lunettes. Il aurait fallu que j’aille consulter, mais c’est tellement compliqué de voir un opticien aujourd’hui ! Et puis, il faut que quelqu’un m’emmène... » Sophie ouvre l’une de ses valises à roulettes, sort son matériel d’examen pour vérifier l’acuité visuelle de sa cliente. Sa vue est « bonne », mais ses lunettes sont « fatiguées ». Qu’à cela ne tienne, la franchisée du réseau des Opticiens mobiles va lui proposer de choisir une nouvelle paire parmi 130 montures. L’ancienne salariée du réseau Krys -vingt-cinq ans dans le magasin du centre-ville de Poitiers-, a décidé début 2023 d’exercer « d’une autre façon ». « Je prends plus de temps. J’ai redonné du sens à mon métier. »
Du domicile aux permanences en Ehpad ou en Maison d’accueil spécialisée, la quinquagénaire sillonne la Vienne de Châtellerault à Vivonne, « avec quelques clients dans les Deux-Sèvres ». A chaque fois ou presque, le sentiment « de répondre à un vrai besoin, d’être utile. Quand une cliente vous remercie 1 000 fois d’être venue jusqu’à chez elle, c’est très gratifiant. » Le réseau des Opticiens mobiles compte trois franchisés dans la Vienne, dont la dernière, Justine Julien, s’est implantée en mars 2024. A dire vrai, il y a de la place pour tout le monde. Selon une étude de l’Inserm publiée en 2018, 40% des personnes âgées de 78 ans et plus examinées sur leur lieu de vie ne portent pas de lunettes adaptées à leur vue.
Des seniors en détresse, Christophe Jacquier en a rencontré beaucoup au cours de ses presque neuf dernières années à domicile. « Je me souviens avoir été contacté par les voisins d’une vieille dame qui se laissait mourir chez elle. Elle n’avait pas vu d’ophtalmo depuis plusieurs années, ne pouvait plus jardiner, regarder la télé ni voir ce qu’il y avait dans son assiette. Quand je lui ai livré ses lunettes, elle a pu revivre. C’était très gratifiant. » Au-delà de la dimension commerciale, l’ancien opticien en magasin retient deux autres éléments essentiels de son quotidien. « D’abord, nos interventions permettent de faire de la prévention, nous renvoyons des personnes vers l’ophtalmologiste car nous détectons des cataractes par exemple, commente Christophe Jacquier, franchisé du réseau L'Opticien qui bouge. Et puis il y a le lien social que l’on crée. Moi, je passe souvent une demi-heure à discuter de tout et de rien. Il m'arrive d'être le seul visiteur de la semaine... »
Dans la Vienne, le service rendu est d’autant plus utile que 89,4% des seniors vivent encore chez eux. Preuve du besoin grandissant, L’Opticien qui bouge a prévu de passer d’une soixantaine de franchisés aujourd’hui à plus de 300 en 2026. Le groupe Itelis a de son côté annoncé le déploiement de nouveaux camions d’optique à domicile dans les zones sous-dotées.
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