Face à la réalité de l'insécurité féminine

Une jeune étudiante poitevine a réalisé une cartographie de l’insécurité féminine à Poitiers. Le parking Carnot est l’un des sites référencés. Les victimes, la Ville et la police cherchent la parade.

Charlotte Cresson

Le7.info

Se faire siffler, insulter ou suivre longuement... De nombreuses femmes victimes ont fini par banaliser ces micro-agressions quotidiennes. « Beaucoup baissent le volume de leur musique ou marchent plus vite dans la rue le soir », rapporte Zoé Jordan, créatrice d’une cartographie de l’insécurité féminine à Poitiers. Début mars, l’agression subie par Marine Baulu au sein du parking Carnot a renforcé les craintes. La Poitevine, très choquée, a mené une action lundi pour alerter sur la situation et contester la relaxe du suspect. Le parking Carnot, comme la gare ou la place Notre-Dame, fait partie des lieux craints selon les femmes interrogées par Zoé Jordan et le collectif « Bien dans nos rues ». Géré par Grand Poitiers, « le lieu a fait l’objet d’une étude de sûreté commandée il y a bientôt six mois ». 
« Des cloisons ont été installées jeudi dernier, la visibilité et le système de caméras vont être améliorés et des grillages installés pour sécuriser les entrées », explique Amir Mistrih, adjoint à la Sécurité de la Ville.


Ce que dit la loi

Au-delà des aménagements de sécurité, que risquent les agresseurs ? Depuis janvier 2023, l’outrage sexuel et sexiste est sanctionné d’une contravention de 5e classe. Le terme regroupe l’ensemble des comportements verbaux et non verbaux (regards insistants, sifflements, commentaires sur l’apparence…) commis à l’égard d’une personne en raison de son genre ou de son orientation sexuelle. Des circonstances aggravantes peuvent s’ajouter. On parle alors de délit d’outrage sexuel et sexiste aggravé. « C’est le cas lorsqu’il est commis sur un mineur ou une personne vulnérable, en raison d’une orientation sexuelle, dans les transports en commun ou par une personne qui abuserait de son autorité », précise Muriel Rault, directeur interdépartemental de la police nationale. Depuis l’entrée en vigueur de cette nouvelle infraction, seuls deux outrages sexuels et sexistes par amende forfaitaire délictuelle ont été relevés par les services de police de Poitiers. 


Sensibiliser et témoigner

Le harcèlement sexuel repose en effet sur un paradoxe. Si les jeunes femmes victimes sont nombreuses, les chiffres enregistrés par les autorités sont très bas. Pour le commissaire Muriel Rault, cela s’explique notamment par un manque de témoignages. En plus de la peur, certaines femmes peinent à réaliser la gravité des actes qu’elles subissent régulièrement. A Poitiers, le problème est pris au sérieux. Les policiers ont récemment été sensibilisés et disposent d’une fiche spécifique pour les aider à orienter les victimes. Les effectifs ont été renforcés. De son côté, la Ville a mis en place des dispositifs comme le Plan Angela. « Il permet de trouver refuge dans un des établissements du dispositif où le personnel a été formé. Nous allons travailler avec le comité de vie nocturne pour l’élargir à des lieux ouverts tardivement », confie Alexandra Duval, déléguée à l’Action sociale et à l’Egalité des droits. L’élue travaille également avec différentes associations et collectifs et insiste sur la notion de responsabilité collective. Mais le plus important reste de témoigner afin que les moyens mis en place soient adaptés. Muriel Rault conseille aux victimes de ne pas hésiter à se confier, de filmer la scène lorsque cela se produit dans un espace public ou de venir accompagnées d’un témoin lorsque c’est possible. 


Plus de renseignements sur le plan Angela sur poitiers.fr.

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