L’éducation thérapeutique 
à la maison

L’association ETP à Dom 86 organise ce mercredi, à l’Espace Mendès-France, à Poitiers, une conférence sur l’éducation thérapeutique à domicile. Ou comment permettre à des patients de mieux vivre au quotidien grâce à des ateliers ciblés.

Arnault Varanne

Le7.info

L’éducation thérapeutique, vous connaissez ? Derrière cette question de prime abord banale, se cache peut-être, sans doute d’ailleurs, l’une des clés de « l’amélioration de l’état du système de santé français ». Si Corinne Debiossac se montre si catégorique, c’est qu’elle expérimente depuis cinq ans les vertus de cette forme d’accompagnement du patient... à domicile. Ce qui change tout. « En 2023, nous avons par exemple pris en charge soixante jeunes asthmatiques de 11 mois à 
12 ans, des enfants qui auraient dû être hospitalisés voire réhospitalisés. Un seul l’a été, assure la présidente d’ETP à Dom 86. Un euro dépensé dans l’éducation thérapeutique, c’est 4€ d’économisés dans les soins. »

L’association(*) compte aujourd’hui une soixantaine de professionnels (enseignant en activité physique adaptée, art-thérapeute, sophrologue, médecin, kiné, diététicienne...), intervient sous la forme d’ateliers dans la Vienne et les Deux-Sèvres et a permis en 2023 à 110 personnes de « mieux vivre avec leur maladie ». Le tout grâce à des financements de l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, que Corinne Debiossac aimerait plus importants. Qu’à cela ne tienne, la pionnière du soin à domicile dans le département bat le rappel de la sensibilisation à chaque occasion, avec le soutien de la Société d’éducation thérapeutique européenne (Sete). Elle sera d’ailleurs présente au congrès de la Sete du 29 au 
31 mai à Liège et a déjà publié un article dans la revue scientifique ETP/TPE.

La présidente d’ETP à Dom 86 donne aussi et surtout rendez-vous au grand public ce mercredi, à 20h30, à l’Espace Mendès-France, à Poitiers, pour une conférence intitulée « Bien vivre chez soi avec une maladie chronique grâce à l’éducation thérapeutique à domicile ». Pas moins de cinq intervenants seront autour de la table : Rémi Gagnayre, professeur, directeur du laboratoire Educations et promotion de la santé (LEPS) à l’université Sorbonne Paris nord, Jean-Michel Delavaud, docteur, diabétologue, ancien chef de service de l’UTEP du CHU de Limoges, responsable de la filière ETP de la Dordogne, Vincent Poupard, médecin généraliste et responsable du programme ETP à domicile pour ETP à Dom 86, Thomas Chassin, responsable de l’association Sport santé 86, et Fabien Desplans, patient bénéficiaire (lire ci-contre).

(*)Trois autres structures proposent des ateliers d’éducation thérapeutique dans la Vienne : La Vie la Santé du CHU de Poitiers, La Passeraile, qui dépend de la Polyclinique, et le CH Laborit.

Conférence ce mercredi, à 20h30, à l’Espace Mendès-France. Inscription libre mais obligatoire sur emf.fr.
 

« A domicile, c’est vraiment l’idéal »
Fabien Desplans, 50 ans, a été victime d’un cancer de la gorge à la suite de la découverte d’un papillomavirus, en mai 2022. « Le temps de mettre en place le mode opératoire, j’ai commencé les traitements fin juin : de la radiothérapie et trois chimiothérapies. J’ai vomi pendant six mois et j’ai perdu 35kg. J’étais cadavérique car je n’arrivais pas à me nourrir, rien ne passait. » Quelques mois plus tard, en phase de guérison, le Poitevin s’est rapproché de Corinne Debiossac, présidente d’ETP à Dom 86. Son objectif : se réapproprier son corps. L’ancien footballeur de bon niveau et amateur de tennis a accueilli à domicile un spécialiste de l’activité physique adaptée. « Il a pris le temps d’échanger avec moi, de jauger ma motivation. Je l’ai prévenu que j’avais réservé un séjour au ski deux mois et demi plus tard ! (en avril 2023, ndlr). Il est venu tous les huit-dix jours pour me donner des exercices à faire, 30 à 45 minutes par jour. Il s’est adapté à ma progression, a été à l’écoute. Et j’ai pu partir au ski. » Le directeur d’une entreprise de construction l’assure : il n’aurait pas pu se rendre à l’hôpital ou à la polyclinique pour effectuer le même travail. « C’était compliqué de se déplacer. Je commençais à reconduire mais je n’aurais pas eu la force de faire les déplacements toutes les semaines. L’éducation thérapeutique à domicile, c’est vraiment l’idéal et ça évite des frais de déplacement. On fait les exercices à son rythme, sans pression. J’ai même pu reprendre le tennis et mon travail. Je remercie vraiment Corinne... »

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