L’agriculture urbaine comme une évidence

De vendredi à dimanche, à l’instigation de la toute jeune association RésAUP, Poitiers va accueillir les 48 heures de l’agriculture urbaine. L’occasion d’aborder des thématiques aussi diverses que la biodiversité, l’alimentation, l’égalité…

Claire Brugier

Le7.info

Elle produit à longueur d’année des graines germées, jeunes pousses, feuilles et fleurs comestibles. Autant dire que lorsque Florence Morisot parle de « semer des petites graines », elle sait de quoi il retourne, elle qui a fondé Broutilles en 2011… à Poitiers. Dans la ville ? Précisément, car la dame à la main verte se revendique « agricultrice urbaine », une façon de rappeler, sans concurrence aucune, que l’agriculture n’est pas l’apanage de la ruralité. « Dans tous les espaces cultivés, les potagers partagés, les balconnières… tout le monde fait de l’agriculture urbaine comme Monsieur Jourdain fait de la prose, sans le savoir », s’amuse l’agricultrice, également présidente de RésAUP, le Réseau de l’agriculture urbaine poitevine.

Inspirée par une première édition locale des 48 heures de l’agriculture urbaine -la 
8e à l’échelle nationale-, la toute jeune association, affiliée à l’Afaup, est née en novembre dernier, à l’initiative de Florence Morisot et d’autres agriculteurs urbains professionnels comme la vice-présidente Maud Régnier, bergère (Le Champ des possibles), le trésorier Clément Leroy, apiculteur (Les Prés Leroy) et le secrétaire Jean-Philippe Minier (Papilles Paysages). « L’agriculture a toujours existé en ville, mais à partir des années 1950-1960, on l’a un peu oubliée. Le cadastre témoigne qu’en 1832 il y avait du maraîchage et des vergers sur les coteaux de Blossac…, rappelle Florence Morisot. A Poitiers le végétal est très à l’intérieur de la ville, en lien avec la présence du Clain et de la Boivre, et d'une topographie en terrasses. Des vues aériennes montrent l’énorme potentiel de la ville en termes de biodiversité, un potentiel appauvri par certaines pratiques souvent dues à une méconnaissance, comme les haies mono-espèces de tuyas. »

« Rendre la ville 
résiliente »

Pour y remédier, RésAUP organise de vendredi à dimanche la deuxième édition poitevine des 48 heures de l’agriculture urbaine, « 72 heures plus exactement », précise la présidente de RésAUP. L’association a en effet souhaité dédier la journée de vendredi aux scolaires. 
« Souvent, lors de manifestations de ce genre, on atteint des amateurs de jardin, des gens déjà convaincus, constate Florence Morisot. Or nous voulons diffuser ces notions aux jeunes, semer des petites graines. A travers l’agriculture urbaine, on peut aborder des thèmes comme la biodiversité, les problèmes d’alimentation, l’éducation à la notion de saisonnalité, les circuits courts… »

Pas de chance, les 48 heures de l’agriculture urbaine coïncident samedi avec le passage de la flamme olympique (cf. page 5). Oubliés donc les rendez-vous dans l’espace public de Poitiers mais l’agenda n’en est pas moins riche d’expositions, d’ateliers pratiques, de visites de fermes et jardins, de conférences qui s’inscrivent dans le projet plus vaste de « rendre la ville résiliente ».

Retrouvez le programme sur les48h.com.


(*)Association française 
d’agriculture urbaine professionnelle (Afaup).

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