Pharmacies : 
l'inquiétude grandit

L’inquiétude monte chez les pharmaciens, qui pourraient se mobiliser le 30 mai prochain. Pour éviter une journée officines fermées, un accord entre les syndicats et la Caisse nationale d’assurance maladie est espéré ce mardi.

Charlotte Cresson

Le7.info

La dernière fois que les pharmaciens ont manifesté, c’était en 2014. Mais depuis plusieurs mois, les difficultés rencontrées par les professionnels s’accumulent et poussent certains d’entre eux à envisager une mobilisation. L’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) menace carrément d’une grève des gardes ce week-end et d’une journée sans pharmacie le 30 mai. Le syndicat entend « maintenir un accès aux soins de qualité, mettre fin à la pénurie de médicaments et bénéficier d’une réforme économique ambitieuse ». A Rouillé, Marie-Hélène Tessier espère qu’un accord sera trouvé ce mardi lors d’une réunion de concertation entre la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et les syndicats. La pharmacienne soulève un problème : 
la pénurie de médicaments. 
« Les prix sont très bas sur le marché français, alors les industriels préfèrent les vendre dans d’autres pays », explique la présidente départementale de l’URPS Nouvelle-Aquitaine. 


Parmi ces molécules rares se trouve l’un des vaccins contre la grippe. « Le laboratoire qui le produit a décidé d’arrêter sa commercialisation à cause de la baisse de prix à venir en France, difficilement gérable au regard des coûts de fabrication. Le problème, c’est que ce vaccin était particulièrement indiqué pour l’immunité des personnes âgées. C’est une perte de chance pour nos patients. » Marie-Hélène Tessier « cherche régulièrement des solutions » pour trouver des alternatives aux médicaments demandés et contacte ainsi des confrères. En plus de cette pénurie, les pharmaciens craignent aussi la perte du monopole de délivrance de médicaments, déjà évoquée en 2014. Dix ans plus tard, la question de la libéralisation de la vente sur Internet revient dans un nouveau texte et les membres de l’USPO redoutent 
« la mort des petites officines ».


Vers des « déserts pharmaceutiques » ?

« Les pharmacies de campagne ou les petites structures sont vouées à disparaître. Elles n’ont en général qu’un pharmacien titulaire contraint de travailler toute la journée, six jours sur sept pour pouvoir payer les charges et les salaires », constate Jessica, jeune docteure en pharmacie. De son côté, le co-président du syndicat des pharmaciens de la Vienne, Julien Delage, déplore les ventes de pharmacies pour 1€, comme dans le Sud-Vienne, symboles du désespoir de certains professionnels. Il espère lui aussi qu’un accord sera trouvé entre les syndicats et la Cnam et que la grève n’aura pas lieu. Au programme de la réunion de ce mardi : les honoraires, la pénurie des médicaments ou encore la vaccination. En cas de désaccord entre les parties, les pharmaciens pourraient mettre leur menace à exécution. Une grève des gardes le week-end de Pentecôte ? « Cela ne changera rien pour les patients puisqu’il y aura obligatoirement une pharmacie par secteur de garde », rassure Julien Delage. Affaire à suivre.

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