Kôichi Kurita : la terre est sacrée

Le Regard de la semaine est signé Dominique Truco.

Le7.info

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Vendredi 29 mars 2024, vallée de la Loire, Domaine de Chaumont-sur-Loire. Inauguration heureuse et pluvieuse de la Saison d’art 2024(*) orchestrée par Chantal Colleu-Dumond, précédant d’un mois l’ouverture du 33e Festival international des jardins.

Au prestigieux château (son parc à l’anglaise foisonnant sur 32 hectares, sa ferme, ses écuries, son asinerie, sa grange aux abeilles, ses galeries) métamorphosé depuis 2007 en centre d’art et de nature, quatorze artistes français et internationaux entremêlent leurs œuvres et livrent leurs liens à la Terre : Miquel Barcelo, Vincent Bioulès, Anne et Patrick Poirier, Bernar Venet, Gloria Friedmann, Prune Nourry, Pascale Marthine Tayou, Damien Cabanes, Olga Kisseleva, Vincent Barré, Denis Montfleur, Pascal Oudet, Karine Bonneval et Kôichi Kurita.

Dans le parc historique, avec sa monumentale et ardente Grotte Chaumont débordant d’un bosquet Miquel Barcelo fraternise avec les premiers Homo sapiens de toutes les vallées de l’Humanité aux temps premiers de l’art. Au château, dans la tour de Diane (de Poitiers), avec quelques 
« poignées de terres/poignées de vies » délicatement rendues à l’état de particules, Kôichi Kurita révèle et célèbre « la beauté de la peau de la Terre », sa polychromie fertile depuis quelques millénaires...

Sur une table de 2,20m de diamètre, l’artiste japonais a déposé cent terres en un cercle chromatique parfait. Cent terres collectées pas-à-pas dans cent communes de la région Centre-Val-de-Loire contenues dans autant de flacons de verre portant chacun le nom du village et le département d’origine. Cent terres natales qui entraînent les visiteurs penchés vers elles dans une admirative procession !

Un court tour de la Terre cependant, car ce sont 6 574 terres de 2 089 villages de 96 départements de France que Kôichi Kurita a collectées entre sa première création en France en 2004 (à la Maison de la Culture du Japon à Paris) et son quatorzième séjour dans l’Hexagone, en février 2024. Son œuvre majeure nommée Bibliothèque de terres/France, il la dédie aux générations à venir, tout comme sa Bibliothèque de terres/Japon commencée en 1990 réunissant les 38 141 terres des 3 233 communes de son archipel natal.

Dans ses salvatrices Bibliothèques de terres, Kôichi Kurita rapproche et préserve diversité de la terre vivante et diversité humaine. Parmi celles-ci, une terre de Fukushima prélevée en 2004, présentée par mes soins en 2011 à Melle pour Habiter la Terre. Aujourd’hui, une relique. La vie et l’œuvre de Kôichi Kurita font corps. La terre est sacrée.

(*)Jusqu’au 27 octobre 2024, 
Domaine de Chaumont-sur-Loire.

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