« Persistants » par choix ou nécessité

Comme plus de 500 000 personnes en France, Ludovic et Nicole continuent d’exercer une activité professionnelle tout en étant retraités. Pour payer ses factures ou simplement s’occuper, des solutions existent pour cumuler emploi et retraite.

Charlotte Cresson

Le7.info

Lui travaille par choix, elle par nécessité. Tous les deux sont ce que les assureurs appellent des « persistants » : des personnes qui cumulent emploi et retraite. Ludovic a bientôt 
60 ans et est à la retraite depuis cinq ans. Mais impossible pour cet ancien CRS de rester à la maison. C’est seulement après quelques semaines de farniente qu’il a décidé de reprendre un emploi. « J’ai pris ma retraite assez tôt et je trouve que rester chez soi n’est pas bon pour le moral », confie l’Ayronnais. 
Depuis, ce dernier conduit des cars scolaires. « J’ai voulu me rendre utile. Il manque près de 6 000 conducteurs. J’avais prévu de faire ça pendant deux ou trois ans et finalement ça va en faire cinq. » Ludovic n’a pas de difficultés financières particulières. Son revenu, en complément de sa retraite, lui permet de mettre « un peu de beurre dans les épinards ». 


La situation de Nicole, 66 ans est bien différente. Après un parcours professionnel en dents de scie, la retraitée de la Poste ne touche que 1 200€ par mois contre 1 800€ en tant que salariée. « La décote est énorme. Quand j’ai fait le calcul de mes dépenses, j’ai réalisé que je devais trouver une solution pour arrondir mes fins de mois. » Aujourd’hui, la retraitée poitevine multiplie les astuces pour rembourser le prêt de sa maison et faire face à ses dépenses. Elle fait notamment de la distribution de journaux, un emploi qui lui permet « de garder un petit pied dans la société ».


Règles et dispositifs

Plusieurs solutions existent pour améliorer sa situation de retraité. Le cumul emploi-retraite, par exemple, est un dispositif qui permet de travailler et de profiter des revenus liés à sa nouvelle activité, en plus de sa pension. 


Les conditions pour en bénéficier varient. En cas d’obtention d’une pension de retraite à taux plein (âge minimum légal ou nombre de trimestres suffisant), la reprise ou poursuite d’une activité professionnelle est possible à tout moment. Dans le cas contraire, il est obligatoire d’avoir rompu tout lien avec son employeur ou attendre au moins six mois pour reprendre une activité auprès de ce dernier. 


La retraite progressive, elle, permet de réduire son activité professionnelle en travaillant à temps partiel tout en touchant une partie de sa retraite. La demande peut se faire deux ans avant l’âge minimum légal de départ. Un dispositif possible depuis septembre 2023 dans le cadre de la réforme des retraites qui suscite, encore aujourd’hui, de nombreux débats.

Seniors
 : un accord difficile

  Après plus de trois mois de négociations et une ultime séance, les partenaires sociaux et le patronat ne sont pas parvenus à trouver de terrain d’entente sur la question de l’emploi des seniors le 10 avril dernier. Ces discussions, amorcées dans le cadre de l’adoption de la réforme des retraites, devaient permettre de concrétiser le 
« pacte de la vie au travail » et améliorer le taux d’emploi des seniors. Malheureusement le désaccord est quasi-total et les négociations au point mort. 


De leur côté, les syndicats espéraient obtenir l’annulation du départ à 64 ans ou encore un droit à la retraite progressive à partir de 60 ans (contre deux ans à partir de l’âge légal aujourd’hui). Tout cela dans un but : rendre les fins de carrière des salariés plus supportables. Cette proposition de droit à la retraite progressive dès 60 ans a été ignorée par le patronat, qui propose, lui, un contrat 
« CDI seniors » dans le but d’inciter les entreprises à recruter les plus de 60 ans et à les garder dans leurs rangs jusqu’à leur départ à taux plein. Le hic pour les syndicats ? Ce contrat peut être rompu par l’employeur dès que le salarié a atteint l’âge légal de départ. Les partenaires sociaux craignent des licenciements empêchant les salariés d’être réembauchés par le même employeur pendant six mois. Cet échec des négociations pourrait conduire le gouvernement à reprendre la main sur les décisions concernant l’assurance-chômage dont la réforme devrait entrer en vigueur à l’automne.

 

 

 

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